En ces temps où le vivant est plus que jamais menacé, les espaces protégés sont de véritables écrins où la biodiversité mais aussi une partie de notre mémoire collective peuvent se réfugier. Des sites qui échappent à la logique de la consommation et nous invitent à autre rapport au paysage.
En France, 2 700 sites sont considérés comme un intérêt général au point de vue artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque. Pour réaliser des travaux sur ces sites, c’est une autorisation ministérielle qui est actuellement nécessaire. Un récent projet de décret prévoit de décentraliser cette décision aux préfets. Ceux-ci sont davantage soumis aux pressions de constructeurs ou notables locaux qui souhaiteraient faire construire des complexes hôtelliers par exemple. De nombreux projets ont ainsi été refusés par l’intervention d’inspecteurs généraux du ministère.
Alors que Le Conseil national de protection de la nature, l’association Sites et Monuments ou encore le Syndicat national de l’environnement-FSU sonnent l’alarme, le Ministère de la Transition Écologique défend ce décret dans un communiqué adressé à Reporterre.

Si demain des villas poussaient sur la dune du Pilat, si des retenues collinaires produisaient de la neige artificielle sur le Mont Blanc, si des hôtels cinq étoiles s’implantaient en plein territoire viticole protégé, serions-nous aussi choqués que devant l’incendie de Notre-Dame ? À en juger par la manière dont beaucoup de nos sites déjà sont devenus des temples de la consommation, de la place du Tertre au Mont St Michel, nous pouvons en douter.
Nous avons un devoir de protection envers le vivant menacé. Mais aurons-nous des milliers des personnes dans la rue pour le défendre comme nous savons défendre nos acquis sociaux et notre pouvoir d’achat ?