C’est « un avertissement contre l’autoritarisme » alerte Mark Bray. Après la parution du décret de Donald Trump qualifiant l’antifascisme comme mouvement terroriste (22 septembre 2025), le professeur de l’université de Rutgers (New-Jersey, Etats-Unis) Mark Bray a été victime d’une vague de menaces de mort.
Un universitaire menacé de mort
Accusé d’être l’un des leaders et financier des « terroristes antifascistes », une pétition, mise en ligne le 2 octobre 2025 par le Turning Point, l’organisation de prosélytisme réactionnaire fondée par Charlie Kirk, exige son renvoi de l’université.
Celle-ci, qui a été relayée par Fox News, a pour principal argument le fait que l’historien soit l’auteur du livre L’antifascisme. Son passé, son présent et son avenir, paru en 2018.
Trois menaces de mort lui sont envoyées par message, l’une d’entre elles annonçant son assassinat devant ses étudiants. Mark Bray est contraint de donner ses cours à distance. L’universitaire est également pris pour cible sur les réseaux sociaux, l’adresse de son domicile est dévoilée. Il quitte alors les Etats-Unis pour rejoindre l’Espagne.
« Étiolement des droits démocratiques »
C’est une « attaque concertée » de l’administration Trump contre les universités, alerte l’historien dans un article du Washington Post.
« J’ai le sentiment que ces événements en sont une facette, afin que les professeurs qui mènent des recherches sur les mouvements de protestation ne se sentent pas en sécurité lorsqu’ils partagent leurs recherches ou enseignent des sujets qui déplaisent au gouvernement ».
Lux Éditeur, sa maison d’édition en France, alerte sur un incident qui n’est « pas anecdotique » selon elle. « Il ne concerne pas qu’un historien américain, qu’une seule université. Il témoigne d’un étiolement rapide des droits démocratiques en Amérique ».
« Un climat de peur sur les scientifiques »
Bray est un cas emblématique de ce que beaucoup décrivent comme une menace directe à la liberté académique. Au-delà de la recherche sur l’antifascisme, les universitaires craignent que d’autres sujets comme l’équité, le DEI (Diversité, Équité, Inclusion), le genre ou le climat, deviennent des terrains de conflit politique. Une multitude de subventions sont gelées ou retardées.
Le 31 mars 2025, près de 2 000 scientifiques, dont des dizaines de lauréats du prix Nobel,, membres des Académies nationales des sciences, de l’ingénierie et de la médecine des États-Unis, ont publié une lettre ouverte faisant état de leurs préoccupations.
« Un climat de peur s’est abattu sur la communauté scientifique », indique la lettre. Les chercheurs, qui craignent pour leur emploi, « retirent leur nom des publications, abandonnent leurs études et réécrivent leurs demandes de subventions et leurs articles afin de supprimer les termes scientifiquement exacts (tels que « changement climatique ») que les agences jugent inacceptables. »
Un dangereux glissement de terrain qui rappelle les heures sombres de la chasse aux sorcières durant le maccarthysme.
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