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Les médias, garants ou poisons de la démocratie ?

Flashback sur cette élection présidentielle qui a secoué le monde médiatique. Citoyens et politiques ont souvent pointé le doigt vers des médias manquant d’objectivité, de rigueur, accusés de choisir leurs candidats et de manipuler l’opinion publique. Comment mieux s’informer ? Brûlante actu Les médias, forcés de se soumettre à un modèle économique étouffant sont, en plus, […]

Flashback sur cette élection présidentielle qui a secoué le monde médiatique. Citoyens et politiques ont souvent pointé le doigt vers des médias manquant d’objectivité, de rigueur, accusés de choisir leurs candidats et de manipuler l’opinion publique. Comment mieux s’informer ?

Brûlante actu

Les médias, forcés de se soumettre à un modèle économique étouffant sont, en plus, pris par le devoir d’utilité sociale auquel ils répondent par une sur-réactivité à l’actualité chaude. Les chaînes en continu sont devenues un réflexe lorsqu’un événement a lieu : il faut tout savoir, tout de suite. A l’inverse, les médias allemands se comportent complètement différemment et continuent de favoriser des analyses plus longues, plus posées. Ils permettent ainsi une certaine prise de recul, parfois indispensable pour appréhender les événements.

Mais qui du Français ou du média pousse l’autre parti à engloutir/produire une info qui va plus vite et qui est moins dense ? Internet, le format mobile et les réseaux sociaux font chuter notre attention. Pour survivre, il n’y a d’autre choix que de proposer du « cliquable » avec des titres accrocheurs qui incitent le lecteur à ouvrir la page pour découvrir l’information analysée et non pas se cantonner aux simples 10 caractères du titre. Seulement, la plupart des gens ne lisent que les titres et s’emportent, sans avoir pris le temps de confirmer leur source, tirant des conclusions hâtives qui se retrouvent la plupart du temps en commentaires.

La faute à qui ? Au surplus d’informations ? Au fil continu d’actualités ? Nous ne sommes jamais si peu informés que dans un océan de contenu qui brouille les pistes et embue la vue.

Macron, l’enfant média

« La fusée Macron », « Macron, et pourquoi pas lui ? », « La bombe Macron », « Le dynamiteur » … Autant de titres et d’omniprésence médiatique consacrés à Emmanuel Macron qui ont largement contribué à son élection. Que voulaient les gens lors de cette période tumultueuse des campagnes présidentielles ? Ils voulaient du neuf, ils voulaient de nouvelles têtes, une nouvelle manière de faire, une nouvelle manière de gouverner et même, une nouvelle manière d’être.

C’est sous cet angle précis que la plupart des titres ont abordé l’ex candidat à la présidence, mais en le présentant comme la consécration même des désirs des Français. Et c’est bien là ce qui a été reproché à ces mêmes médias. Entre la défense des intérêts des lobbies qui détiennent les médias traditionnels et la réponse à une demande (supposée) de la part des lecteurs, les journalistes se sont allègrement engouffrés dans cette brèche qui attirait le clic et la vente. Emmanuel Macron se trouvait en première page et en dossier de 4 pages car certains médias ont cru pouvoir cristalliser les espoirs des lecteurs dans un candidat providentiel, sans en proposer une lecture modérée, critique. Cela a, entre autres, permis au candidat En Marche de briguer la présidence.

Inter-tumultes

Le candidat Fillon s’est estimé pour sa part bafoué par des médias qui ont sauté trop vite sur des informations brutes et qui auraient fini par avoir le cœur de son ambition présidentielle. De son côté, Marine Le Pen s’est estimée trop peu présente dans les médias voire dégradée et diabolisée. Jean-Luc Mélenchon, qui a surfé sur les vents favorables, a tout de même aiguisé sa syntaxe envers les journalistes de nombreuses fois. Jean Lassalle et Philippe Poutou ont profité d’une notoriété éclair, notamment acquise sur les réseaux sociaux, mais dénonçaient le fait de ne pas être pris au sérieux. Pour sa part, Benoît Hamon s’est quasiment senti ignoré, n’arrivant pas à percer la brèche médiatique ou à occuper un espace public déjà plein à craquer, tandis que les candidats Nicolas Dupont-Aignan, Nathalie Arthaud, Jacques Cheminade ou François Asselineau se sont parfois retrouvés complétement exclus des interventions présidentielles. On se souvient des critiques adressées à TF1.

Objectivité au rabais

L’objectivité ! On estime généralement qu’un journaliste se doit d’être objectif, de relater des faits, sans pour autant délivrer son opinion, n’est-ce-pas ? Pourtant, c’est loin d’être le cas aujourd’hui. Pensons-y : dans la montagne d’informations que nous recevons chaque jour, seulement quelques émetteurs en sont à l’origine. Le reste des médias ne font que relayer une information quelque peu personnalisée, notamment en fonction de son public/ses lecteurs. L’information brute n’a plus aucune valeur sur le marché médiatique étant donné qu’elle est devenue gratuite et accessible à tous. Aujourd’hui, la vraie valeur journalistique qui perdure se retrouve bel et bien dans la prise de position, l’analyse, l’angle, l’incitation au débat ! Sans quoi, AFP et Reuters suffiraient (hyperbole spotted).

Rampante intox

La cerise sur le gâteau n’est autre que la fake news. Evidente ou non, elle se ballade et perfuse des informations fausses aux esprits naturellement inattentifs. Cette année, 2 infos sur 5 circulant sur internet étaient fausses. C’est énorme et ces informations ont parfois été mises au service d’idées haineuses ou d’encouragements à la peur, de constructions de complots ou simplement de propagations de rumeurs. Il est malheureusement aisé pour qui le souhaite de lancer une fausse information sur un petit blog local qui a ses chances d’être reprise par les médias nationaux si l’actu fait vendre.

Liberté

Ce qu’il est capital de garder en tête, c’est que sans ces médias qui sont continuellement critiqués, personne ou presque n’aurait accès à l’information. On ne pourrait pas faire une recherche internet sur un sujet précis et trouver plusieurs sources, plusieurs points de vue pour des même faits. La presse et les médias en général sont porteurs d’informations, analystes pour certains et relayeurs d’idées nouvelles. Pourtant, il est indispensable de continuer à les critiquer ! Sans cela, comment espérer un changement dans le traitement d’une information de manière trop sommaire ou trop orientée. Nous sommes les garants l’un de l’autre.

Comment bien s’informer ?

Le fil d’actualité Facebook ou même les recherches sur Google ne sont pas un bon moyen de s’informer. Certes, ils vous proposent du contenu qui vous intéresse, qui attise votre curiosité et va vous inciter à la lecture : c’est bien cela le problème. Dans un système où l’on ne nous propose que ce que nous voulons voir, nous sommes incapables de regarder au-delà et donc d’aller au-delà de ce qui est susceptible de nous intéresser (cela représente déjà trop de contenu !).

N’hésitez pas à utiliser le mode navigation privé, à vous abonner à des newsletters différentes chaque mois, à cliquer sur ce qui d’ordinaire, ne vous aurez pas intéressé. Ne vous contentez pas d’une seule source, d’un seul point de vue. N’hésitez pas à remonter à l’origine de l’info comme la dépêche AFP et de comprendre comment l’information s’est ensuite déclinée selon les supports. Pensez à vous tourner vers des médias indépendants ou à savoir à qui appartient le média que vous consultez. Une information correctement traitée par jour vaut mieux qu’une dizaine d’informations survolées voire mal interprétées. Ne vous fiez pas aux titres parfois enjôleurs et acceptez l’existence d’une zone grise entre le tout-noir ou le tout-blanc : tout n’est pas prise de position ou vérité, tout est critiquable, à remettre en question.

C’est cet esprit critique qui fait que les médias sont garants de la démocratie, garants de la liberté. Dans ce tumulte d’informations nourri par les réactions « à chaud », essayons de garder la tête froide, de dialoguer à partir des informations et non pas de sur-réagir à l’information. La haine des médias sert la mésinformation, leur critique éveillée sert la démocratie.

Crédit photo : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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Diane Scaya

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