Dans une démarche inclusive pour tous les genres et surtout afin d’éliminer les stéréotypes liés à la traditionnelle bipartition fille/garçon, certaines marques s’engagent à ne plus spécifier le genre sur les étiquettes des vêtements pour enfants. Une démarche salutaire qui encourage les enfants à choisir plus librement les habits qui leur conviennent le mieux.

Le genre ne doit pas limiter notre liberté de choix !

Caroline Osella, maitre de conférences à la School of Oriental and African Studies (SOAS) à Londres rappelle qu’il « est important de ne pas séparer les vêtements par genre, parce que les corps varient en hauteur, en tour de taille, en proportions, de même que les goûts des consommateurs varient eux aussi en fonction des couleurs, des modèles et des styles. Faire du genre une démarcation binaire de la mode est arbitraire ».

En effet, la distinction des modèles et des couleurs par genre limite énormément les enfants dans leurs envies et les expose aux moqueries et autres stigmatisations sociales s’ils ne répondent pas aux critères de genre qui ont été établi par les marques. Contrairement aux adultes, chez qui la séparation des vêtements selon les genres peut être motivée par des différences physiologiques – besoin de plus d’espace pour les hanches chez les femmes ou pour les épaules chez les hommes – elle n’est absolument pas justifiée chez les enfants.

D’autant que cette division genrée des vêtements propage souvent avec elle un certain nombre de clichés sexistes… Ainsi les filles sont souvent incitées à être « jolies » quand les garçons doivent être téméraires, héroïques ou aventuriers. Dans une vidéo partagée plusieurs milliers de fois sur les réseaux sociaux, une jeune anglaise âgée d’à peine 8 ans critique avec virulence les différences entre les vêtements labellisés « fille » et « garçon » :

« C’est injuste parce que tout le monde pense que les filles devraient juste être jolies et les garçons devraient juste être des aventuriers (…) je pense que ce n’est pas bien… pourquoi les vêtements entre les garçons et les filles devraient-ils être séparés ? ».

De l’importance d’enseigner la liberté et le respect dès l’enfance

Certaines marques, comme l’enseigne hollandaise HEMA ou la chaine de magasins britanniques John Lewis se sont engagées à supprimer les étiquettes liées au genre sur les vêtements pour enfants. Une manière de s’engager en faveur de la lutte contre les stéréotypes liés aux genre : en effet pour Santina Sorrenti, activiste queer chez « G(end)er Swap » :

« [Ces derniers] sont préjudiciables à la fois pour les « garçons », les « filles » mais aussi pour les personnes qui s’identifient comme autres sur l’ensemble du spectre et comme d’appartenant à aucune catégorie concrète (…) Je suis fermement convaincue que les espaces devraient offrir une gamme de tailles, de formes, de couleurs et de styles pour n’importe qui, sans devoir spécifier qui doit porter quoi. Il est grand temps de révolutionner les vêtements genrés ! ».

Si cette distinction de genre en matière de prêt-à-porter n’est pas justifiée, elle n’est absolument pas anodine ! En effet, pour Caroline Osella « le sexe/genre, à l’instar de l’appartenance ethnique, a constitué un outil politique extrêmement opportun à l’heure de dresser des hiérarchies, d’organiser les gens en structures (…) on lui a attribué une apparence « naturelle » à travers un discours européen fort sur le thème de la « nature (…) visant à produire et à maintenir au fil du temps [la séparation par] sexe/genre ».

Il s’agit alors de bousculer ces normes incrustées de longue date dans nos discours et nos manières d’agir en proposant un autre modèle, fondé sur l’ouverture, la tolérance et la croyance en la sensibilité de chacun.

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