Face au harcèlement dans les transports en commun le maire de Rabat a décidé de mettre en circulation des bus exclusivement réservés aux femmes.
« Faire reculer les cas de violence et de harcèlement »
A l’occasion de la 15ème campagne nationale contre les violences faites aux femmes, qui s’est clôturée le 21 décembre, le maire de Rabat, Mohamed Sadiki, a déclaré vouloir prendre une initiative pour « le cas des transports en commun ».
En effet, celui-ci affirme que pour « faire reculer les cas de violence et de harcèlement dont les femmes sont victimes », la solution serait de lancer des bus roses réservés exclusivement aux femmes. Il déclare :
« Je ne dis pas que la mise ne service de ce genre de bus aura lieu dans un futur proche. Mais dès lors qu’on aura réglé la problématique du transport en commun à Rabat, nous nous pencherons sur cette initiative. »
Pour rappel, la question du harcèlement sexuel au Maroc a été remise sur le devant de la scène internationale suite à une agression choquante, filmée et diffusée en août 2017. L’agression mettait en cause six adolescents agressant sexuellement une jeune fille dans un bus public à Casablanca. Mais le cas n’est malheureusement pas isolé et depuis des années les cas d’agressions sexuelles se multiplient au Maroc.
Un vide juridique
Alors que le 25 août dernier le chef du gouvernement au Maroc promettait « une stratégie contre les violences faites aux femmes », le vide juridique autour du sujet reste présent.

En effet, le droit marocain condamne le harcèlement sexuel au travail sans prendre en compte l’espace public. Cependant les chiffres parlent d’eux-mêmes, les lieux publics sont les endroits où la violence physique est la plus manifeste et les chiffres officiels affirment que deux marocaines sur trois sont victimes de violences.
Une initiative qui divise
Le site Femmes du Maroc dénonce cette initiative comme « illusoire ». Le Maire de Rabat soutient que la violence contre les femmes est « étrangère à la culture marocaine », ce qui est démenti par la réalité et les faits.
L’initiative divise donc : d’un côté il est difficile d’ignorer les plaintes des femmes, n’en pouvant plus de subir ces comportements lors de leurs trajets quotidien. De l’autre, cette mesure n’est évidemment pas une solution au problème de fond.
Et pour cause. Isoler les femmes ne mettra pas un terme aux violences faites envers elles. La culture du viol est un problème d’éducation, de schémas comportementaux répétés, de manque d’informations et de sensibilisation dès le plus jeune âge. En effet, le consentement étant une notion complètement floue et passée sous silence, comme l’ont démontré ces derniers mois toutes les révélations sur les réseaux sociaux en France et à l’international. Le retour à la ségrégation des sexes n’y changera rien, l’égalité passe par le savoir vivre ensemble dans le respect et la sécurité de chacun, il est donc tant que les gouvernements et l’éducation nationale agissent dans ce sens.
Retrouvez notre article pour apprendre à réagir face au harcèlement sexuel ici.

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