Marcher plutôt que d’aller en prison. C’est le choix que font chaque année des centaines de mineurs ayant commis délits et infractions à travers l’Europe. En France, depuis 17 ans, l’association Seuil propose cette alternative aux jeunes en perdition, qui seraient autrement incarcérés ou envoyés dans des centres d’éducation fermés. Pendant leurs trois mois sur les routes, la trentaine de français participant à ce programme, suivi par la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) ou l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), est privée de téléphone portable et d’accès à internet. Et il s’agit d’une formule gagnante : si 80% des mineurs sortant de prison récidivent l’année suivante, 75% de ceux étant allés au bout de leur marche repartent sur de bons rails.

Au cours de leur périple, chaque jeune porte un sac de 20kg et parcourt 20km par jour pendant 3 mois, accompagné d’un éducateur. Si les débuts sont souvent difficiles, les encadrants observent à chaque fois une évolution positive dans l’attitude et la réflexion des mineurs.
«Le premier mois, la marche est extrêmement difficile pour l’éducateur, car le jeune essaie de faire échouer le projet, rapporte Bernard Ollivier, fondateur de l’association. Mais au fil du temps, lorsqu’il a surmonté ses peurs et sa fatigue, le jeune va construire sa propre résilience. Et va revenir avec une estime de soi renforcée. Prêt à aller encore plus loin.»
Dans ce contexte, les jeunes évoluent loin du milieu dans lequel ils avaient l’habitude de vivre et où ils ont commis des délits, loin des influences négatives qui les entouraient. Dans chaque auberge où ils séjournent, ils sont considérés comme des adolescents ordinaires et non comme des délinquants. Cette marche leur permet de prendre un vrai recul sur leur situation et leur donne l’opportunité de réfléchir sereinement à la vie qu’ils souhaitent mener par la suite. C’est ce qui a donné le courage à Christophe de s’installer dans un village loin de ses fréquentations antérieures, où il a trouvé de la stabilité, notamment avec un CDI dans un garage. Ce programme s’est aussi révélé être une réussite avec une mineure de 16 ans radicalisée.
Pour les 1 600/1 800 km prévus, chaque binôme jeune-accompagnant doit parcourir dans leur intégralité 2 des chemins colorés ci-dessus, en passant tous par St Jacques de Compostelle et en rejoignant le bout de la terre : le Cap Finisterre et Muxia.
Si la France connait aujourd’hui une surpopulation carcérale de 117%, les peines alternatives sont encore bien trop peu considérées.. Dans le cadre des délits, sur la totalité des condamnations prononcées en 2014 11,3% seulement sont des peines alternatives contre 50,8% pour les peines de prison et 32,8% pour les amendes. L’exemple de l’association Seuil montre qu’il est possible de réaliser des projets innovants et efficaces dans le domaine des peines alternatives.

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