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Marche pour le futur : seule la résistance citoyenne entraînera les changements politiques nécessaires

Les organisations et les manifestants en sont convaincus, seule la résistance civile de long terme engendrera les changements politiques et systémiques nécessaires pour lutter contre le dérèglement climatique, la précarité, et les droits humains. Cette marche se veut être le commencement d’un combat opiniâtre et intemporel.

A quelques heures du premier tour, des dizaines de milliers de manifestants ont répondu à l’appel de 300 organisations pour marcher pour le climat. Une manifestation festive qui avait tout d’un rendez-vous solennel face à l’urgence écologique et la faiblesse des propositions environnementales des différents candidats. Les paradigmes sécuritaires et identitaires mortifères « gangrènent le débat » et doivent être « combattu ». Un même mot d’ordre unificateur avant la présidentielle : le changement climatique n’est pas qu’une question environnementale mais également sociale, économique, féministe, rurale et urbaine.  Un reportage de Florian Grenon.

Appel à voter 

Structures féministes, écologistes, anti-racistes, de lutte contre la précarité, d’aide aux quartiers populaires, gilets jaunes, Confédération Paysanne, tous participent à ce « grand élan populaire ». Au total, 300 organisations menées par le Comité Adama, NousToutes, Alternatiba, Les Amis de la Terre, et la Fondation Abbé Pierre ont appelé à manifester. 

83 mobilisations ont eu lieu partout en France. A la veille de l’élection, la « Marche pour le Futur » a appelé à « voter » et à ne pas laisser le débat public être dicté par les idéaux sécuritaires et identitaires, par la guerre en Ukraine et par la crise sanitaire. 

L’écologie, la lutte contre la précarité et le combat pour les droits humains ont succombé aux logiques mortifères de l’extrême droite dans cette campagne. Les programmes des candidats sont un « saupoudrage de mesures » qui « n’attaque pas la racine du problème ». 

Après la parution du nouveau rapport du GIEC ce lundi le constat est clair, les émissions de gaz à effet de serre doivent atteindre leur pic au plus tard en 2025 pour ne faire que décroître. 

Lire aussi : GIEC : nous devons atteindre un pic des émissions au plus tard en 2025 pour espérer un futur vivable

L’objectif est alors élémentaire ! Manifester aujourd’hui pour « construire le rapport de force pour plus tard », faire « barrage » au futur gouvernement, car quel que soit le résultat de l’élection, « personne ne parlera de nos vies à nos places » selon Youssef Brakni du Comité Adama. 

Les organisations et les manifestants en sont convaincus, seule la résistance civile de long terme engendrera les changements politiques et systémiques nécessaires pour lutter contre le dérèglement climatique, la précarité, et les droits humains. Cette marche se veut être le commencement d’un combat opiniâtre et intemporel. 

Marche à Paris, samedi 9 avril – Crédit : Florian Grenon

Une interconnexion des luttes

Cette marche est la douzième manifestation pour le climat en 4 ans. Au fur et à mesure des années, les organisations écologistes ont été rejointes par des mouvements féministes, par des associations de lutte contre la précarité, la Fondation Abbé Pierre pour ne citer qu’elle, des structures d’aide aux quartiers populaires, des mouvements anti-racistes comme le comité Adama, des gilets jaunes, des syndicats étudiants. 

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Depuis 2018, il n’y a « jamais eu autant de résistance de masse quel que soit le secteur » a rappelé Youssef Brakni. En 2018, la marche pour le climat avait attiré 150 000 manifestants à travers la France. « La marche du siècle » avait réuni 350 000 personnes dans tout le territoire national en mars 2019. 120 000 manifestants avait participé à la marche NousToutes contre les violences sexistes en novembre 2019. Sans oublier les gilets jaunes. Ces quelques exemples sont une goutte d’eau dans le total des manifestations et actions de désobéissance civile qui ont eu lieu depuis quatre ans. 

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Le « système » oblige chacun des participants à la marche à « choisir une lutte », féministe, écologiste, anti-raciste, mais ces différents mouvements se réunissent car ils sont convaincus de l’interconnexion de leur combat. La question climatique n’a pas de genre, de métier, de zone géographique, elle touche la totalité de la population, notamment les plus précaires. 

« La question climatique est une question sociale », explique Gabriel Mazzolini des Amis De La Terre. 

Les premières victimes du dérèglement climatique sont les habitants des pays en développement et les personnes en situation de précarité. Selon, l’ONU, 80% des migrants climatiques sont et seront des femmes et des filles. La précarité énergétique touche un pourcentage non négligeable de la population. 

20 % des Français déclaraient avoir souffert du froid au cours de l’hiver 2020-2021 selon l’ONPE. En 2020, 10,5 % des Français, soit 3 millions de ménages, ont dépensé plus de 8 % de leurs revenus pour payer les factures énergétiques de leur logement. Ces ménages « font partie des plus modestes ». Ce constat a interconnecté les luttes. Les combats contre la précarité, pour l’écologie, le féminisme, sont liés.  

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La précarité énergétique désigne l’état de l’incapacité d’accès de certaines personnes aux sources d’énergie nécessaires à la satisfaction de leurs besoins primaires, à cause de bâtiments mal isolés contre le froid ou la chaleur, ou à la suite de l’inadaptation ou du prix des ressources énergétiques. 

Le créneau du mouvement, ne pas encourager « une écologie qui dresse des barrières », qui opposerait la France ouvrière, rurale ou précaire, et la France urbaine, mondialisée. 

La batacuda de la Marche pour le futur – Crédit : Florian Grenon

Symbole de cette action unificatrice, qui dépasse les soi-disant clivages, le rapprochement entre Alternatiba, les gilets jaunes, et le comité Adama. Le 18 juillet 2020, à Beaumont-sur-Oise, une marche en souvenir d’Adama Traoré avait été organisé, réunissant Alternatiba, le comité Adama, ainsi que des gilets jaunes, qui avaient pris la parole au milieu des quartiers populaires.

Face à cette campagne dénuée de propositions écologiques et sociales, les Amis de La Terre préconisent une multitude de mesures pour sortir du marasme actuel. Sécurité sociale de l’alimentation, rénovation énergétique des logements, politique volontariste de création de l’emploi de transition énergétique, taxation des pollueurs, souverainisme énergétique mettant fin à la dépendance envers les « pires régimes mondiaux ». 

Des solutions qui seront portées avec persévérance dans le futur, au sein de prochaines manifestations, par ce mouvement qui se veut être une résistance de long terme.

La Relève et La Peste

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