L’âge de 40 ans a toujours été considéré comme la durée de vie maximale d’une centrale nucléaire, mais il semblerait que EDF voit les choses autrement. Si les discussions concernant les problèmes de sécurité des réacteurs nucléaires sont souvent complexes, l’absence de débat public et l’opacité des négociations concernant ces enjeux, pourtant au cœur des préoccupations écologiques actuelles, ont de quoi inquiéter.
L’arrêt des réacteurs après 40 ans d’utilisation, le revirement de stratégie d’EDF
Bien que la mise en route des réacteurs nucléaires ait au départ été autorisée « sans limite de fonctionnement », l’âge de 40 ans s’est vite imposé comme étant la durée de vie maximale d’un réacteur nucléaire. L’objectif était alors de remplacer les réacteurs trop vieux pour continuer à être exploité par de nouveaux réacteurs plus performants « nouvelle génération ».
Mais ces objectifs ambitieux ont depuis été revus par EDF, qui envisage depuis quelques années d’utiliser les réacteurs « significativement au-delà de 40 ans ». En effet, d’ici 2025 plus de la moitié des réacteurs du parc nucléaire français auront atteint l’âge de la retraite, ce qui impliquerait un gouffre financier immense si EDF devait les remplacer en même temps. L’Autorité de Sureté Nucléaire a donc approuvé cette extension de la durée de vie des réacteurs, tout en ordonnant des mesures d’amélioration de la sûreté des réacteurs. Ainsi, des visites de contrôle ont été mises en place tous les dix ans ainsi que des vérifications de l’état des cuves des réacteurs, des enceintes de confinement et des piscines de stockage.
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Yannick Rousselet Greenpeace France – La Relève et La Peste
Des retards à répétition d’EDF qui empêchent à l’ASN de tenir ses délais
Mais la lourdeur de la procédure et sa lenteur rendent ce type de contrôle très difficile à mettre en place en pratique. L’avis générique sur la prolongation des réacteurs de l’ASN ne sera rendu qu’en 2020 alors qu’il était prévu pour 2018. En effet l’avancée des enquêtes repose en grande partie sur le travail en amont de EDF, qui doit transmettre à l’ASN tous les documents utiles : les retards à répétition d’EDF empêchent la mise en place des contrôles dans les temps…
Pour Yves Marignac, directeur du bureau d’étude WISE-Paris, auteur du rapport commandé par Greenpeace :
« Si la conséquence du décalage de l’avis générique de l’ASN est de reporter la date de la quatrième visite décennale (…) c’est difficilement acceptable du point de vue de la sûreté (…) cela favorise indirectement la prolongation des centrales, c’est un fait accompli inacceptable d’un point de vue des choix de la politique énergétique. »
Les questions de sûreté sont très peu débattues dans la sphère publique contrairement au modèle énergétique qui a été évoqué lors de nombreux débats de la dernière campagne présidentielle. Un manque de réflexion collective qui pourrait bien laisser passer certaines failles de sécurité : le 28 novembre dernier, 22 militant-e-s de Greenpeace se sont introduits dans la centrale de Cruas en Ardèche pour alerte sur la vulnérabilité des centrales aux actes malveillants.

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