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Malgré le danger, Areva et EDF ont dissimulé des informations cruciales

La question du nucléaire fait des étincelles, que ce soit dans le camp des « irréductibles partisans », ou dans celui des « farouches opposants ». Mais au-delà des avis divergents, tout le monde s’accorde à dire que le risque zéro n’existe pas. « Prudence est mère de sûreté » pourrait devenir un slogan pertinent. Le lobby du nucléaire est un […]

La question du nucléaire fait des étincelles, que ce soit dans le camp des « irréductibles partisans », ou dans celui des « farouches opposants ». Mais au-delà des avis divergents, tout le monde s’accorde à dire que le risque zéro n’existe pas. « Prudence est mère de sûreté » pourrait devenir un slogan pertinent. Le lobby du nucléaire est un peu plus « nuancé » sur ce sujet, et la cuve de l’EPR de Flamanville est loin d’être un modèle exemplaire.

Le chantier de l’EPR de Flamanville est semé d’embuches, et n’en finit pas de récolter les mauvais points. Depuis 2007, le réacteur de troisième génération a reçu de nombreux rappels à l’ordre du gendarme du nucléaire. La révélation de graves anomalies dans l’acier de la cuve a mis la puce à l’oreille de l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire). Depuis le départ, de multiples failles dans la construction ont été révélées et consignées dans des comptes rendus d’inspection. Ce fut le cas pour les soupapes de sûreté qui présentaient « des difficultés de fonctionnement » alors qu’elles jouent un rôle fondamental dans la réussite des opérations. Les valeurs de résilience des matériaux à résister à la propagation de fissures sont faibles, la cuve sensée contenir la réaction atomique est définitivement jugée « non conforme ».

Pourtant, les incriminés font « la sourde oreille » concernant ces sérieuses mises en garde. Pire encore, EDF et AREVA ne se sont pas privés de dissimuler des informations cruciales en matière de sûreté nucléaire. Le diagnostic est particulièrement alarmant car les malfaçons pourraient entrainer un accident nucléaire majeur. À savoir, la fusion du cœur du réacteur, comme ce fut le cas pour la centrale japonaise de Fukushima en mars 2011. Sombre présage qu’il est urgent de prendre en considération.
Pour éviter la catastrophe, les mauvais élèves vont devoir rendre des comptes. Mais en attendant, l’installation du réacteur va bon train. La cuve mesurant treize mètres de hauteur ainsi que son couvercle de cinq mètres de diamètre ont été posés depuis janvier 2014.

Plus tard, elle a été raccordée et soudée aux tuyauteries du circuit primaire de refroidissement. « Il faudrait qu’on ait une conviction forte, une certitude absolue sur la fiabilité des composants et des matériaux avant de donner le feu vert à sa mise en service » a insisté le président de l’ASN, Pierre-Franck Chevet. Des paroles qui se veulent rassurantes mais qui ne s’incarnent pas encore dans les faits.

Une bataille financière se trame et entretient le statuquo. Les industriels voient rouge et se lamentent d’une facture à rallonge. Le retard entrainé par les péripéties techniques et administratives a repoussé considérablement la livraison du projet (initialement prévue en 2012). « Hormis les questions économiques, il serait possible pour EDF de changer la cuve et d’en refaire une nouvelle car le réacteur est encore en construction », a déclaré Thierry Charles, directeur général adjoint de l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire).

C’est sans compter sur le « coup de pression » des industriels qui ne manquent jamais d’air pour faire valoir leurs intérêts financiers. D’après leurs dires, l’avenir de la filière nucléaire est entre les mains de l’ASN concernant cette affaire. Pour être tout à fait sincère, il faudrait simplement avouer que les déboires de l’EPR s’inscrivent dans un contexte marqué par la nécessaire mise à niveau des installations nucléaires françaises. « On arrive à la fin d’un cycle industriel », explique M. Chevet. Les 58 réacteurs du parc électronucléaire hexagonal sont vieillissants. Entre 2019 et 2025, près de la moitié d’entre eux auront atteint leur espérance de vie maximale. « Une éventuelle prolongation n’est nullement acquise », ajoute-il. De toute évidence, l’EPR est en passe de devenir l’une des technologies les plus décriée. Et si on passait à un plan B ?

Il est encore temps pour l’ASN de se montrer intransigeante. Il ne s’agit pas de sacrifier la sûreté nucléaire pour sauver à tout prix une filière nucléaire en faillite. Entre mauvaise foi et langue de bois, le bon choix trouvera-t-il sa voie/voix ?

Crédit Photo : Charly Triballeau / AFP

Sources : Greenpeace / Le Monde

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