Récemment, le gouvernement français lançait une consultation publique pour recueillir l’avis de la population sur l’extermination de centaines de milliers d’animaux au cours des trois prochaines années. Alertés par l’effondrement du nombre d’espèces vivantes, de nombreux citoyen-ne-s s’étaient mobilisés pour protester contre cet arrêté. Malgré 65 % d’avis négatifs émis sur la consultation, le gouvernement a quand même décidé d’autoriser le massacre.
Adieu renard, corbeau, pie, geai, étourneau, putois…
Renard, corbeau, pie, geai, étourneau, putois ou encore belette sont désormais la cible légale de toutes les personnes considérant qu’ils auraient causé des dégâts. L’arrêté listant les espèces que l’on pourra tuer durant les trois prochaines années, même en-dehors de la période de chasse, a été validé par le gouvernement malgré un refus majoritaire de la population interrogée lors d’une consultation publique.
En 3 semaines, cette dernière a recueilli 53 853 contributions, « ce qui en fait une participation très soutenue » selon le gouvernement. 65 % des participants se sont prononcés contre l’arrêté, et pour la préservation des animaux, pour les mêmes raisons que le précédent arrêté émis en 2015.
« Avec une telle mobilisation citoyenne pour arrêter totalement tous ces abattages, on est vraiment déçus. On espérait une évolution par rapport à l’ancien arrêté alors qu’il n’y a eu aucune avancée : même nombre d’espèces qui seront tuées, mêmes modes de destruction. Quelques espèces ont été retirées dans certains départements et il y a tout petit encadrement autour du déterrage du renard, mais ce n’est rien par rapport à ce qu’ils auraient pu faire. » déplore Ariane Ambrosini, Juriste pour l’ASPAS, à La Relève et La Peste
Pour les associations environnementales qui se sont mobilisés contre l’arrêté, le problème de base de cette réglementation est la procédure de classement des espèces concernées. Tous les 3 ans, une commission se réunit dans chaque département où chacun peut lister les dégâts qui auraient été causés par certains animaux. Seulement, ces fiches anonymes ne font l’objet d’aucune vérification, même pour aider certains agriculteurs ou citoyens qui seraient concernés par une cohabitation difficile avec les animaux.

Les associations de la protection de l’environnement dénonce le rôle des « chasseurs qui mènent la danse dans ces classements pour 99 % des cas ». Cela leur permet d’augmenter les périodes de chasse et de se débarrasser de leurs concurrents sur les élevages de gibiers qu’ils relâchent chaque année.
Une non-représentation de l’avis du peuple
Dès la deuxième page du rendu public des conclusions de la consultation, le gouvernement rappelle lui-même « le rôle consultatif de l’exercice », car le Ministère tient surtout compte des avis exprimés avant la parution de l’arrêté ministériel, « par des instances qualifiées comme le CNCFS (Conseil National de la Chasse et de la Faune Sauvage), ou d’autres cas le CNPN (Conseil National de la Protection de la Nature), des avis des personnes et entreprises directement concernées par le projet, de son contexte, etc. »
« Par rapport à la consultation elle-même, on se faisait pas trop d’illusions car les décideurs ne prennent généralement pas du tout en compte les avis des citoyens. Ils organisent ces consultations publiques parce qu’ils y sont obligés, mais tout est déjà décidé en avance. C’est plus en amont qu’on espérait un changement significatif comme interdire le déterrage du renard, parce que depuis 2015 il y a eu la reconnaissance de l’animal en tant qu’être vivant doué de sensibilité, l’interdiction des pièges noyant, la loi Biodiversité avec la disparition du terme nuisible. On pensait vraiment que la suite logique serait une avancée significative a minima dans les méthodes d’abattage des espèces. » dénonce Ariane Ambrosini, Juriste pour l’ASPAS, à La Relève et La Peste
Cette consultation a notamment permis de montrer combien les citoyen-ne-s français sont de plus en plus sensibles aux questions de « bien-être animal, d’érosion de la biodiversité, du lien Homme /nature et plus généralement la considération des espèces animales sauvages. »
Visiblement, l’intérêt général n’est donc pas concerné par les rouages de la démocratie « représentative » à la française.
Des études ont par ailleurs démontré que l’abattage systématique des « animaux causant des dégâts » est la meilleure façon d’entraîner un déséquilibre des écosystèmes avec les déplacements de populations et de maladies qu’ils peuvent véhiculer.

Au Luxembourg, où la chasse des renards est interdite, il n’a pas été observé une prolifération des animaux et l’échinococcose alvéolaire y est est beaucoup moins développé que dans les départements français frontaliers. Bien que grave, cette maladie très rare n’affecte généralement qu’un tout petit nombre de personnes par rapport aux zones exposées. 90% des sujets humains infectés développent même une défense immunitaire contre le parasite.
Convaincu de la nécessité d’une cohabitation pacifique entre animaux et humains, l’ASPAS continuera son combat pour développer un nouvel arrêté qui abroge celui permettant le massacre inutile des animaux sauvages.