Quelques mois après les polémiques qu’avait suscitées la baisse des APL, Emmanuel nous a réservé une petite surprise. Enfin, on parle surtout une fleur faite aux financiers et aux assureurs, un flirt avec les Bourses de Paris et de Londres : une suppression pure et simple de la dernière tranche de la taxe sur les salaires que paient banquiers et assureurs puisqu’ils sont exemptés de la TVA. C’est ce qu’annonce le Canard enchaîné dans son édition du 20 septembre.
Traitement de faveur pour attirer les expatriés
Le monde de la finance n’est pas soumis comme tout le monde au système de la TVA, mais paie une taxe sur les salaires progressive, qui augmente par pallier. Le dernier échelon, la taxe à 20%, concerne ceux qui touchent des revenus bruts supérieurs à 152 279 euros par an, soit environ 12 677 euros par mois, ce qui, on en conviendra, est une somme ridicule. C’est ce dernier pallier qu’Emmanuel Macron a décidé de retirer. Du pain béni pour les plus gros salaires de France et de Navarre.
Mais c’est surtout le Royaume-Uni qui est ici visé, ainsi que les pauvres banquiers, assureurs et autres financiers expatriés à la City de Londres pour se soustraire à ce genre de taxe. Emmanuel Macron espère par cette mesure et dans le contexte du Brexit rapatrier ces brebis égarées afin de faire de Paris la première place financière européenne. Seulement, c’est un cadeau fait non seulement aux expatriés londoniens qui reviendraient s’installer en France mais aussi à tous ceux qui y sont restés, c’est que qu’a annoncé Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement :
« Vous ne pouvez pas traiter seulement les banques qui viennent, qui quitteraient Londres, leur donner un statut spécial et dire à la banque voisine : non, toi tu as un statut différent, il y a un principe d’égalité ».
Que c’est beau d’entendre parler d’égalité dans ce contexte ! Cette mesure occasionnerait pour l’Etat et pour les contribuables un coût estimé à 137 millions d’euros par Marianne et à 300 millions par l’Agefi (l’Agence économique et financière).
Un pack complet de privilèges
Cette décision était déjà évoquée en juillet, dans un package comprenant aussi l’abrogation de l’extension prévue en 2018 de la taxe sur les transactions financières (TFF), un statut d’impatriés (expatriés revenant en France) aux avantages renforcés. Selon la Commission européenne, l’abrogation de la TTF européenne occasionnerait à cette échelle la perte de 20 à 22 milliards d’euros, et en ce qui concerne la suppression d’une partie de la TTF française, on parle de 2 à 4 milliards d’euros par an. Devant ces promesses, Alexandre Naulot, porte-parole d’Oxfam, ONG en charge des questions financières et de régulation, ne mâche pas ses mots dans un entretien accordé à Challenges :
« Macron est le simple président du hashtag et du mensonge. En acte concret, on n’a rien dans le plan climat. Les actes concrets sont simplement pris pour les banques ».
Emmanuel Macron vient assouvir là beaucoup de rancœur du monde de la finance contre la taxe sur les salaires à 20% instaurée en 2013 par François Hollande. Rancœur très clairement exprimée. Certains tentaient déjà en 2014 de justifier à un niveau économique l’absurdité d’une taxation progressive sur les salaires, brandissant comme étendard la précarisation de l’emploi des moins qualifiés du secteur financier que cette taxation provoquerait.
En bref, Macron drague bien lourdement les banquiers et les assureurs français expatriés au Royaume-Uni, mais ce sont les contribuables qui achètent les fleurs et paient la note du restaurant.

Pour commander notre nouveau Livre-Journal, cliquez sur l’image !