Dimanche 30 avril, Jean-Luc Mélenchon appelait Emmanuel Macron à faire un « geste » en direction de ses électeurs « insoumis ». Il lui demandait notamment de revenir sur sa volonté de réformer (encore) le Code du travail. La réponse n’a pas tardé : lors de son meeting à la Villette du 1er mai, le candidat d’En Marche ! a déclaré : « je ne perdrai pas le fil (…) ces réformes, nous les avons conçues, portées, nous les ferons ».
Macron-Mélenchon : des positions antagonistes sur la question du travail
Le candidat de la France Insoumise avait fait de sa volonté d’abroger la loi El Khomri un point phare de son programme. D’abord, il s’agissait de rendre justice aux cinq mois de contestation sociale, réduites au silence avec l’intervention « deus ex machina » du 49.3 par Manuel Valls. Mais il s’agissait aussi (et surtout) d’une opposition franche au contenu interne de cette loi et notamment à la mesure relative à la « hiérarchie des normes sociales », qui consiste à faire primer l’accord d’entreprise sur l’accord de branche ou même sur la loi. D’après Jean-Luc Mélenchon : « C’est la porte ouverte au dumping à l’intérieur d’une même branche entre entreprises et à la régression de tous les droits des salariés. L’accord d’entreprise ne doit primer que s’il est plus favorable aux salariés. Il en va de l’égalité des salariés et de la justice entre les entreprises. Nous rétablirons la hiérarchie des normes sociales et le principe de faveur. »
A l’opposé, Emmanuel Macron (qui a été un des instigateurs de la loi Travail) regrettait déjà que celle-ci ait été modifiée, affirmant déjà en 2016 dans un entretien aux Echos qu’il faudrait aller « plus loin que la loi El Khomri ». Ce n’est pas pour rien qu’Emmanuel Macron se présente comme le « candidat du travail », en effet contrairement à Jean-Luc Mélenchon qui voulait abroger la loi Travail, Emmanuel Macron souhaite quant à lui proposer une nouvelle réforme du travail, qui irait dans le sens de la loi El Khomri, et précise que cette mesure sera prise « par ordonnances, pour procéder de manière rapide et efficace ».
Que dit cette réforme ?
La « vision » de Macron sur le travail pourrait être résumée très simplement en une phrase : il faut rendre le marché du travail plus flexible tout en sécurisant les « transitions » (chômage, retraite, apprentissage…). C’est ce qu’on appelle aujourd’hui la flexisécurité, une politique qui voudrait à la fois flexibiliser le marché du travail pour que les entreprises aient une plus grande marge de manœuvre sur leurs conditions d’emploi et sécuriser la condition des travailleurs en leur assurant davantage d’indemnités. Plus concrètement, le « candidat du travail » propose « de donner plus de place à l’accord majoritaire d’entreprise ou de branche, d’une part, d’encadrer les décisions des prud’hommes d’autre part ».
Il deviendrait alors possible pour les entreprises de négocier en interne le temps de travail des salariés. Emmanuel Macron met l’accent sur le fait que les entreprises pourraient décider de faire travailler plus les jeunes – pour inciter à l’embauche – et à l’inverse d’alléger le temps de travail des « anciens ». Concernant les prud’hommes, celui-ci souhaite instaurer un plafond (et un minimum) d’indemnités en cas de licenciement abusif (hors discriminations, harcèlements etc.). D’après un article publié par Libération, Emmanuel Macron souhaite que la loi ne soit qu’un « socle » pour le droit du travail et que tout ce qui ne relève pas de « l’ordre public social » (salaire minimum, égalité homme-femme, horaires de travail) doit pouvoir faire l’objet d’un accord majoritaire au sein de l’entreprise. Ces mesures s’accompagneraient de mesures facilitant la cotisation pour l’allocation chômage, encourageant la formation professionnelle et la transition pour les salariés licenciés (pour plus de détails, on peut toujours consulter l’onglet « travail / emploi » de son programme)
En bref, les propositions d’Emmanuel Macron sur le travail sont une version renforcée de la première mouture de la loi El Khomri. On comprend mieux pourquoi le candidat de la France Insoumise en faisait un « geste » primordial pour aller dans le sens de ses électeurs. Mais Emmanuel Macron est intransigeant, il a insisté au journal télévisé de TF1 : « Je respecte Jean-Luc Mélenchon, je respecte ses électeurs, mais je n’irai pas les chercher en changeant le programme que je porte ».

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