Alors que s’ouvre aujourd’hui la Fashion Week de New York, les marques de luxe LVMH et Kering ont annoncé le lancement d’une charte sur « les relations de travail et le bien-être des mannequins ». En substance, cette charte prévoit de lutter contre les pressions physiques et psychologiques subies par les mannequins. Ainsi, pour lutter contre la maigreur excessive, les taille 32 pour les femmes et 42 pour les hommes seront écartés des listes de casting.
Alors que la loi Mannequin – dont les textes avaient été publiés le 5 mai 2017 après plus d’un an d’attente – doit entrer en vigueur à partir du 1er octobre, deux grands noms de la mode ont à nouveau fait preuve de leur engagement pour lutter contre le fléau de l’extrême maigreur dans les milieux de la mode.
La loi Mannequin : une avancée pour la santé publique
La loi Mannequin prévoit d’une part d’obliger les mannequins et modèles à présenter un certificat médical attestant d’un IMC correct et de l’absence de privation de nourriture manifeste, et d’autre part d’obliger les campagnes publicitaires à indiquer lorsque la photo ou la vidéo a été retouchée.
Loin de ne concerner que le monde du mannequinat et de la mode, cette loi a pour objectif, à terme, d’enrayer un phénomène global de santé publique. En effet, la mode est tenue d’une véritable responsabilité dans la mesure où des millions d’adolescentes et adolescents, en pleine période de changement physique, tentent de s’identifier à des modèles qui ne sont pas réels ou en situation de maigreur maladive.
D’après un dossier publié par futura-sciences, 3 à 4% d’adolescents souffrent de troubles graves du comportement alimentaire, à un âge de plus en plus précoce.
« L’anorexie est une maladie psychiatrique ayant un taux de mortalité élevé car 5 à 15% des anorexiques décéderaient prématurément : certaines se suicident et d’autres décèdent des conséquences de leur maladie. »
Si Isabelle Saint-Félix, secrétaire générale de l’Union nationale des agences de mannequins, estime qu’il est « grave de lier forcément minceur et anorexie », nous croyons cependant qu’un milieu qui érige la maigreur en comble de l’esthétisme est en partie responsable des maladies alimentaire d’ordre psychique touchant majoritairement les jeunes.
Une charte pour encadrer les conditions de travail des mannequins
Quoi qu’il en soit, cette loi, qui avait été largement saluée par les citoyens, avait également pu être critiquée par certaines agences qui estimaient que cette disposition « stigmatisait les seules agences de mannequins en omettant délibérément d’impliquer les donneurs d’ordre [i.e. les marques de luxe et créateurs]. ».
Pourtant, les grandes marques Kering et LVMH ont décidé de s’engager pour aller « au-delà de la législation française » souligne un porte-parole de Kering. C’est notamment à la suite de nombreux scandales liés à la maigreur excessive des mannequins, à l’usage de mannequins mineurs destinés à des vêtements pour adulte ou encore les conditions de travail déplorables des modèles.
Après avoir travaillé conjointement avec LVMH – qui à eux deux représentent 15% des ventes de produits de luxe dans le monde – la charte permettra d’encadrer les conditions de travail des mannequins. Elle stipule notamment :
« Les mannequins doivent avoir la possibilité de formuler directement une réclamation en cas de litige avec une agence de mannequins, un directeur de casting ou une marque, via une personne référente désignée. Pour apporter un soutien aux mannequins qui en exprimeraient le besoin, les maisons seront tenues de mettre à leur disposition un psychologue/psychothérapeute dédié lorsqu’ils/elles travaillent pour celles-ci. »
Le point sans doute le plus important – ou du moins le plus remarqué – consiste en l’interdiction aux mannequins taille 32 pour les femmes et tailles 42 pour les hommes de participer aux castings. A cela s’ajoute un durcissement de la législation prévue quant à la présentation d’un certificat médical dont la durée de validité ne peut plus excéder 6 mois (contre 2 ans pour la loi Mannequin).
Une mesure qui va dans le bon sens, même si un mannequin taille 34 reste encore bien maigre…
Crédits photo : © IP3 PRESS/MAXPPP
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