La nouvelle se faisait attendre ! La loi Mannequins dont les dispositions entreront en vigueur le 1^er octobre 2017 a pour but de lutter contre l’extrême maigreur, tout particulièrement contre celle qui rôde dans le monde du mannequinat, monde qui donne le tempo à une grande partie de la société.

Le gouvernement Macron ne perd pas de temps

Olivier Véran, le principal conseiller santé d’Emmanuel Macron n’a pas perdu de temps pour mettre en place l’application de la loi Mannequins. Les dispositions de la loi Mannequins qui avaient été votées en janvier 2016 n’avaient toujours pas vu les textes de leur application être publiés. C’est aujourd’hui chose faite grâce à l’initiative d’Olivier Véran : après des mois d’attente, les textes d’application ont été publiés le 5 mai 2017 au Journal Officiel et seront actifs dès le 1^er octobre 2017.  Cet ancien député PS de l’Isère de 36 ans, neurologue et conseiller santé avait présenté en 2015 un amendement visant à interdire le recrutement des mannequins en état d’insuffisance pondérale et/ou de dénutrition manifeste dans le cadre de la loi de la modernisation de la santé (celle de Marisol Touraine). Il a été le rapporteur de cette loi à l’Assemblée nationale et les actions de son mandat s’orientaient autour de la lutte contre l’anorexie et le tabagisme.

Une lutte de longue haleine enfin soutenue par la loi

Les troubles alimentaires ne sont pas nouveaux dans le monde de la mode, cela fait des dizaines d’années que des mannequins extrêmement maigres arpentent les défilés, posent dans les magazines et sourient plus blanc que blanc. Si de nombreuses initiatives citoyennes ou de la part des marques ont été lancées telles que la fameuse campagne choc de Benetton avec Isabelle Caro, victime emblématique de la maladie, décédée en 2010 ; la loi ne supportait pas ce combat. L’anorexie touche 30 000 à 40 000 personnes en France et la boulimie 220 000. La maladie consistant à se priver de nourriture concerne essentiellement des adolescentes et jeunes femmes et représente la deuxième cause de mortalité de cette population, juste après les accidents de la route.

Dès octobre 2017, afin d’exercer leur métier, les mannequins et modèles devront délivrer un certificat médical obligatoire attestant d’un IMC correct et de l’absence de privation de nourriture manifeste. Délivré par la médecine du travail, ce certificat sera valable deux ans maximum. De plus, cette loi obligera les photos et vidéos retouchées à arborer la mention « retouchée ». Ces deux mesures s’appliquent également aux mannequins de tous les pays européens lorsqu’elles exercent en France ; pour le moment, l’Espagne, l’Italie et Israël ont pris des mesures similaires, en espérant l’accélération de l’effet domino.

Ces deux mesures s’appliquent également aux mannequins de tous les pays européens lorsqu’elles exercent en France ; pour le moment, l’Espagne, l’Italie et Israël ont pris des mesures similaires, en espérant l’accélération de l’effet domino.

Une véritable révolution

Les troubles alimentaires ne sont pas une maladie rare, ils touchent tellement de jeunes filles et femmes (même si les hommes en sont parfois victimes) qu’ils sont devenus la deuxième cause de mortalité après les accidents de la route. Devant leur ordinateur, en feuilletant des magazines et en regardant la TV, des millions d’adolescentes et adolescents en pleine période de changement physique tentent de s’identifier à des modèles qui ne sont même pas réels.

Le thig gap (écart entre les cuisses), les rib bones (côtes), la profondeur du creux entre les hanches pointues, faire le tour de sa taille avec ses mains… sont autant de phénomènes dangereux pour la santé et culpabilisateurs qui ont joué un rôle néfaste pour la santé mentale de ces filles. L’extrême maigreur prônée par les groupes pro-ana (anorexie) et pro-mia (boulimie) occasionne de graves conséquences telles que la sous-alimentation, l’étouffement dû aux vomissements ou encore de graves problèmes cardiaques… Pour 1 personne sur 3, la maladie devient chronique et 1 à 2 personnes sur 10 malades vont en mourir. Les diktats de la beauté emprisonnent et menacent les femmes et hommes depuis des générations, cette loi est une véritable bonne nouvelle pour les victimes, anciennes victimes et futures générations. Si les dispositions auraient pu être plus strictes, les bases de ce nouvel édifice sont posées.

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