Chapitre 4 – Conclusion : Lorsque la Terre aurait pu être sauvée
« Imaginez un astéroïde géant sur une trajectoire de collision directe avec la Terre. Pourtant, nous tergiversons, ne prenons aucune mesure pour détourner l’astéroïde, même si plus nous attendons, plus ça devient difficile et cher. »
Ces mots sont ceux de James Hansen, l’un des protagonistes de l’enquête offerte par le New-York Times, un récit captivant, essentiel, celui d’un épisode décisif de notre Histoire universelle. Tout s’est joué entre 1979 et 1989, au cours de cette décennie où « l’astéroïde » du changement climatique pouvait encore être détourné.
« Losing Earth » révèle comment la Maison-Blanche s’est évertuée à faire taire les « alarmistes » du réchauffement. Il met en lumière les efforts de la présidence de Ronald Reagan à effacer toutes les avancées de son prédécesseur Jimmy Carter en matière d’environnement, ainsi que l’incurie de George Bush vis-à-vis d’une question cruciale.
Il montre aussi que les industries des énergies fossiles, y compris les puissantes compagnies pétrolières Shell et Exxon, avaient démontré leur volonté de comprendre l’étendue de la crise et d’envisager des solutions.

Dans les années 1970 et 1980, « ils ne lançaient pas des campagnes à plusieurs millions pour faire de la désinformation, corrompre les scientifiques et laver le cerveau des écoliers comme leurs successeurs allaient le faire.» pointe l’auteur Nathaniel Rich.
Ce fut suite au témoignage de James Hansen au Congrès en 1988 que les industriels des énergies fossiles ont commencé à voir le risque pour leurs profits qu’un changement impliquerait. Exxon, comme toujours, a mené la bataille. Son responsable en sciences et en développement stratégique Duane LeVine, a rédigé une stratégie internationale exhortant l’entreprise à « insister sur l’incertitude des conclusions scientifiques ». Ce qui est bientôt devenu la position par défaut du secteur tout entier.
Enfin, Rich prouve qu’à la différence d’aujourd’hui où une grande part d’entre eux sont négationnistes, beaucoup de Républicains avaient durant les années 1980 rejoint les Démocrates pour faire face au problème climatique.
Si le monde avait adopté la proposition largement acceptée à la fin des années 1980 – un gel des émissions carbonées, avec une réduction de 20 % à l’horizon 2005 – le réchauffement aurait pu être maintenu en dessous d’1,5°C. Mais depuis la conférence de Noordwijk, l’humanité a rejeté dans l’atmosphère plus de dioxyde de carbone que durant l’ensemble des millénaires qui l’ont précédé.