Le gouvernement intérimaire d'Islande a délivré une nouvelle licence de cinq ans à deux navires pour la chasse au rorqual commun et au petit rorqual. 426 rorquals pourront être tués chaque année jusqu’en 2029. Une décision particulièrement néfaste pour le rorqual commun, dont l’espèce est classée comme vulnérable.
Après trois ans d’arrêt, de 2019 à 2021 grâce au Covid, la chasse à la baleine avait repris en Islande en 2022. L’an dernier, la dernière société baleinière islandaise en activité a tué 99 rorquals de la région du Groenland et de l’ouest de l’Islande.
Alors que son permis était arrivé à échéance en 2023 et que la chasse à la baleine avait été suspendue pendant l’été au nom du bien-être animal, le gouvernement islandais a provoqué la surprise en permettant à deux navires baleiniers de continuer à chasser la baleine jusqu’en 2029, dans une décision rendue jeudi 5 décembre.
Et pour cause, la population islandaise est de plus en plus hostile à la poursuite de cette pratique délétère pour les mammifères marins. 51% des Islandais étaient contre la chasse à la baleine en 2023, une hausse de neuf points sur quatre ans, selon une enquête.
Hélas, le gouvernement islandais, en fin de mandat après son échec aux élections législatives du 30 novembre, vient d’autoriser la chasse annuelle de 209 rorquals communs et de 217 baleines de Minke (ou « petits rorquals ») entre mi-juin à septembre, pour une durée de 4 ans.
Et ce, alors que les rorquals communs, dont 35 000 spécimens vivaient près de l’Islande et du Groenland en 2015, sont considérés comme « vulnérables » par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).
« L’Islande vient de délivrer un permis de tuer. Les quelques riches baleiniers du pays continuent d’exercer leur influence, même dans les dernières heures de ce gouvernement temporaire. Ce dernier devrait simplement assurer l’intérim, mais au lieu de cela, il a pris une décision très controversée et précipitée : la délivrance d’une licence de cinq ans permettant de tuer chaque année 426 de ces animaux majestueux. C’est un véritable désastre pour les baleines et pour la conservation animale » a réagi Sharon Livermore, directrice du programme Conservation marine chez IFAW.
Dans le seul hémisphère sud, plus de 700 000 rorquals communs avaient ainsi été tués entre le début des années 1900 et les années 1970, réduisant gravement leur population. L’interdiction de chasser la baleine avait permis de rétablir un peu certaines populations, alors que les cétacés font désormais face à d’autres menaces.
L’Islande, la Norvège et le Japon sont les trois derniers pays à continuer de chasser illégalement la baleine, alors qu’un moratoire international l’interdit depuis 1986. Ils tuent à aux trois environ 1 200 baleines chaque année, selon la Commission baleinière internationale (CBI).
Et les personnes rappelant la législation internationale sur le sujet font l’objet de nombreuses menaces, à l’image du fondateur de Sea Shepherd Paul Watson, enfermé au Groenland depuis fin juillet.
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