A quelques jours du second tour de la présidentielle, Amnesty International propose une comparaison entre les programme des deux candidats en lice, sur des sujets moins abordés dans les médias traditionnels, et qui sont au cœur de l’action de l’ONG. Petit tour d’horizon.
La démarche d’Amnesty International
En épluchant les programmes des candidats à la présidentielle avant le premier tour, et parfois en posant directement des questions à leurs équipes, l’ONG Amnesty International, dont la mission annoncée est de « défendre les droits humains », a dressé un panorama des positions de chacun. A l’approche du second tour, elle propose sur son site une comparaison entre les programmes de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron sur dix thématiques des droits de l’homme.
Le format très simple et visuel (un curseur à déplacer d’un candidat à l’autre) met en avant un constat : sur 10 thématiques proposées par Amnesty International, 4 sont absentes des programmes des deux candidats, chiffre qui s’élève à 5 pour le programme de Mme Le Pen. Sur des sujets aussi divers – et néanmoins cruciaux – que la protection des civils dans les conflits, le contrôle du commerce des armes, ou encore la garantie du droit de réunion, l’ONG affirme un vide dans les programmes. Sur certains points néanmoins (comme le droit de réunion ou « l’accueil du plus grand nombre de personnes réfugiées vulnérables »), Emmanuel Macron a répondu de manière favorable aux demandes d’Amnesty International, en s’engageant parfois à agir ; la candidate du Front National est, quant à elle, restée sourde aux sollicitations.
Des programmes incomplets
Sur plusieurs autres points, malgré une mention dans leur programme, les candidats restent évasifs. Ainsi, au sujet du maintien de l’état d’urgence, Marine Le Pen, malgré son engagement manifeste pour les libertés individuelles, ne se prononce pas ; de son côté, Emmanuel Macron reconnaît que cet état n’a pas vocation à être permanent, mais ne s’engage pas sur son retrait. Les deux candidats restent également vagues sur le sujet des victimes des activités d’entreprises françaises à l’étranger (sans les nommer, Amnesty International fait sans doute allusion à la responsabilité de grandes entreprises françaises dans des catastrophes sociales et écologiques à l’étranger : dans les violations du droit du travail dans les exploitations d’huile de palme par exemple).
L’opposition est claire entre les deux candidats sur deux sujets au moins : l’accélération de la procédure d’asile, en faveur de laquelle M. Macron s’est prononcé, à l’inverse de Mme Le Pen qui souhaite la rendre quasiment inaccessible. Ensuite, sur le sujet du logement, le candidat d’En Marche s’est déclaré contre les expulsions forcées, tandis que la politique du logement donnant la priorité aux Français de Marine Le Pen est jugée discriminatoire.
77 % des Français estiment que les « interdits, contraintes et surveillances » sont trop importantes et représentent une « atteinte importante aux libertés individuelles ».
S’il est inutile de revenir sur le thème des droits des réfugiés comme central à la campagne (c’est un point largement abordé par tous les candidats), il est regrettable que le thème (cousin) des libertés individuelles (état d’urgence, surveillance et collecte des données personnelles, protection des lanceurs d’alerte), ne soit pas plus abordé par les candidats en lice pour le second tour, alors que 77% des Français estiment que les « interdits, contraintes et surveillances » sont trop importantes et représentent une « atteinte importante aux libertés individuelles ».

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