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L’exception culturelle française va-t-elle désormais se caractériser par la violence des forces de l’ordre sur les citoyens ?

Mort de Rémi Fraisse au Barrage de Sivens, de Steve Maia Caniço lors de la Fête de la musique à Nantes, gilets jaunes mutilés et éborgnés, gazage des militants non-violents d’Extinction Rebellion, usages répétés du LBD et de grenades de désencerclement alors que c’est proscrit dans les autres pays européens…

Une justice à l’envers. Assa Traoré, la sœur du jeune Adama tué lors d’une arrestation, est attaquée pour diffamation par les gendarmes présumés responsables de la mort de son frère. Assa Traoré a cité leurs noms sur les réseaux suite à un rapport d’expertise médicale, le comité « La vérité pour Adama » dénonce une criminalisation des victimes de violences policières.

Une famille en quête de vérité

Cela fait maintenant trois ans que la famille Traoré se bat pour obtenir justice sur les circonstances de la mort d’Adama Traoré, décédé à 24 ans à la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise) le 24 juillet 2016. Afin d’obtenir la vérité, la famille avait dû financer un rapport d’expertise médicale indépendant, conduit par 4 spécialistes des maladies respiratoires, qui invalidait les conclusions de l’équipe médico-légale.

Pour les médecins mandatés par la famille Traoré, il est impossible qu’Adama soit décédé d’une conjonction de deux maladies comme l’expliquait le premier rapport (une sarcoïdose de type 2 et un trait drépanocytaire). Ils dénoncent surtout un manque d’éthique médical de la part de leurs confrères qui ne se sont pas intéressés « avec insistance à ces concepts d’asphyxie positionnelle, qui ont été décrits dans plusieurs études s’intéressant aux décès survenus lors d’arrestations policières ».

Assa Traore, la soeur de Adama Traore : Crédit photo : Kenzo TRIBOUILLARD / AFP

Alors que les trois gendarmes qui ont procédé au plaquage au sol qui a conduit à la mort d’Adama ne font l’objet d’aucune enquête, c’est aujourd’hui sa sœur Assa Traoré qui est mise en examen pour diffamation après avoir révélé leurs noms dans des posts Facebook.

L’avocat des gendarmes est maître Rodolphe Bosselut, qui défend également Marine Le Pen. Maître Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille Traoré, a expliqué aux Inrocks que cette poursuite pour diffamation n’est pas justifiée, étant donné qu’Assa Traoré s’appuie sur le dossier de l’enquête judiciaire. Il s’agit là d’une véritable justice à l’envers pour la famille Traoré qui subit de nombreuses intimidations judiciaires depuis le début de leur combat pour la vérité.

« Nous sommes dans un système pourri qui protège ces gendarmes. Il n’y a aucune mise en examen pour eux alors que ça fait trois ans ans que l’on sait ce qui s’est passé. Ces gendarmes font les victimes alors que ce sont nous les victimes. Ils ne nous font pas peur, nous ne lâcherons jamais. » a déclaré Assa Traoré à sa sortie du commissariat

Assa Traoré devrait bientôt recevoir une mise en examen et risque une amende pouvant aller jusqu’à 12 000 euros, ainsi que des dommages et intérêts.

Une criminalisation des victimes des violences policières

Pour le comité « La Vérité pour Adama », la plainte des gendarmes est symbolique d’une stratégie plus large de criminalisation des familles de victimes qui cherche à « transformer les responsables de violences policières en victimes, et les victimes en criminels ». L’affaire Traoré s’inscrit en effet dans une longue liste de violences policières restées impunies, et même jamais enquêtées.

Lors des 42 dernières années, parmi les 578 personnes décédées à la suite d’une intervention policière, 352 ont été tuées par armes à feu, comme Gaye Camara mort d’une balle dans la tête après qu’on lui ait tiré huit fois dessus. Dans les 352 personnes décédées par balles, 60 % n’étaient pas armées. Comme Adama, 11 % des victimes sont mortes d’un malaise ou d’une asphyxie.

Mort de Rémi Fraisse au Barrage de Sivens, de Steve Maia Caniço lors de la Fête de la musique à Nantes, gilets jaunes mutilés et éborgnés, gazage des militants non-violents d’Extinction Rebellion, usages répétés du LBD et de grenades de désencerclement alors que c’est proscrit dans les autres pays européens…

L’exception culturelle française va-t-elle désormais se caractériser par la violence des forces de l’ordre sur les citoyens ?

Face aux abus, des collectifs sociaux et écologiques se rassemblent aujourd’hui pour demander : des sanctions et des condamnations pour les responsables de ces bavures, l’interdiction de l’usage du LBD, un organe indépendant pour enquêter sur les violences policières et non plus l’IGPN, le renvoi du Ministre de l’Intérieur et de son secrétaire d’état. Pour éviter d’autres morts, il est l’heure de s’opposer fermement aux violences policières.

Crédit photo : Kenzo Tribouillard / AFP

Laurie Debove

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