Évasion fiscale
En Europe, la fraude et l’évasion fiscales représentent une perte de 1 000 milliards d’euros chaque année. Cette pratique, qui concerne les multinationales et les milliardaires, appauvrit les finances publiques. Les révélations de la presse d’investigation, notamment celles des Paradise Papers et des Panama Papers, ont rendu tout à fait clairs les nombreux impacts négatifs au niveau politique, économique et social.
L’institut Stockholm Resilience Center, rattaché à l’université de Stockholm, a publié en août une étude dévoilant d’autres conséquences de l’évasion fiscale : elle alimente des activités économiques qui ont de graves impacts environnementaux.
Déforestation
S’appuyant sur les données de la banque centrale du Brésil, les chercheurs ont examiné la provenance des capitaux étrangers qui financent les secteurs du bœuf et du soja en Amazonie. La piste les a menés aux îles Caïmans, aux Bahamas, aux Antilles néerlandaises et au Panama.
« Un total de 26,9 milliards de dollars de capitaux étrangers a été transféré vers ces secteurs entre octobre 2000 et août 2011. Sur ces capitaux, 18,4 milliards venaient de paradis fiscaux » a conclu l’analyse. Cela représente de 70 % des capitaux étrangers investis dans le soja et l’élevage de bœufs, deux causes majeures de la déforestation.
Pêche illégale
Les chercheurs se sont également intéressés aux liens entre paradis fiscaux et pêche illicite.
« 70 % des navires responsables de la pêche illégale, et pour lesquels des informations sont disponibles sur leur pavillon de rattachement, naviguent sous un pavillon domicilié dans un paradis fiscal, en particulier à Belize et au Panama. » indique l’étude.
Le Panama est le premier pays pour les pavillons de complaisance, qui permettent aux armateurs d’échapper au droit du travail, aux réglementations de sécurité et aux impôts. Cette pratique contribue donc aussi à la pêche illicite et fatalement à l’épuisement des ressources naturelles.
Un enjeu socio-politique, économique et environnemental
Pour l’auteur principal de l’étude, Victor Galaz, il est urgent que la question des paradis fiscaux soit mise à l’agenda du programme de l’ONU pour un développement durable.
« Le recours aux paradis fiscaux n’est pas seulement un défi socio-politique et économique, mais aussi un enjeu environnemental », conclue-t-il.