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L’Etat s’apprête à donner 20 milliards d’euros aux grandes entreprises, sans contrepartie exigée

Un amendement pourrait rétablir l'équilibre. Il sert de cadre pour conditionner l'aide aux entreprises à la mise en place d'une stratégie interne de réduction de leur empreinte écologique.

La bataille fait rage depuis ce matin à l’Assemblée Nationale. Au cœur du débat : le projet de loi de finances rectificative 2020 qui doit mettre à disposition 20 milliards d’euros pour le sauvetage de grandes entreprises « stratégiques » comme Air France, Renault ou le parapétrolier Vallourec. Problème : aucune contrepartie n’est prévue en échange. Les ONG et des députés se mobilisent pour faire passer un amendement définissant des conditions environnementales et sociales au versement de cette aide publique.

Depuis ce matin, 9 heures, les député·es sont réunis pour voter le plan de sauvetage des grandes entreprises en réponse à la crise économique liée au coronavirus. La somme prévue : 20 milliards d’euros. Les ONG Greenpeace, Oxfam et Les Amis de la Terre ont mobilisé tous leurs réseaux pour lancer l’alerte :

« Concrètement, cela signifie qu’une somme colossale risque d’atterrir dans les poches des plus grands pollueurs, sans qu’aucune condition environnementale et sociale ne leur soit imposée. Toute cela se déroule en catimini, en pleine situation de crise, après des discussions express menées la veille jeudi. Les discussions sur le projet de loi sont toujours en cours, il est plus que jamais l’heure d’interpeller les député·es ! » s’est ainsi exprimé Greenpeace

Un amendement proposé par Matthieu Orphelin, Député de la 1ère circonscription du Maine-et-Loire, pourrait toutefois rétablir l’équilibre. Signé par 41 autres parlementaires issus des rangs socialistes, de l’aile sociale-écologiste du groupe La République en marche et du groupe Libertés et territoires, cet amendement est soutenu par les ONG comme la Fondation Nicolas Hulot et Les Amis de la Terre.

Il sert de cadre pour conditionner l’aide aux entreprises à la « mise en place » d’une « stratégie interne de réduction de leur empreinte écologique ».

« Pas un euro d’argent public ne doit être versé aux entreprises polluantes sans exiger de stratégie de réorientation massive de leurs activités et de transition juste pour leurs salarié-es. Soutenir à bout de bras et sans condition des multinationales qui devront de toute façon se transformer, c’est rendre leurs salarié-es encore plus vulnérables aux prochaines crises. » explique Cécile Marchand, Chargée de campagne Finance publique pour Les Amis de la Terre

Devant les députés, le Ministre de l’Economie a voulu être rassurant en promettant que ce ne serait pas un « chèque en blanc » offert aux grandes entreprises qui devront justifier d’une « politique environnementale ambitieuse » en plus d’un «effort de compétitivité». Promesse qui n’a pas convaincue les ONG, suite à l’avis défavorable émis hier par la majorité présidentielle concernant l’amendement de Matthieu Orphelin.

Au cours de notre live co-organisé hier soir avec le mouvement « Notre Choix », nous expliquions déjà dans le détail comment le sauvetage des compagnies aériennes est en train de se dérouler en France et en Europe, sans contrepartie environnementale ou sociale exigée, ni remise en question sérieuse de l’impossibilité pour certains secteurs à maintenir leur croissance sans aggraver mortellement le réchauffement climatique.

« L’État actionnaire doit se réconcilier avec l’État stratège, il doit investir pour sauver mais aussi pour transformer. Il ne peut pas investir dans l’urgence sans penser en même temps à une stratégie de long terme. » A ainsi déclaré le député porteur de l’amendement

D’autres pays choisissent eux de ne pas verser d’argent public sans conditions comme l’Autriche, où l’Etat négocie en ce moment avec la compagnie aérienne Lufthansa pour que l’aide versée soit conditionnée par des objectifs en accord avec la lutte contre le changement climatique comme la limitation sévère des vols court-courriers.

Pour donner un ordre de grandeur, Matthieu Orphelin précise que les 20 milliards d’euros d’investissement de l’Etat correspondent à 30 ans de budget de l’ADEME, ou 4 siècles du plan national vélo !

C’est donc une vision du monde qui se débat aujourd’hui à l’Assemblée Nationale. Les ONG continuent à interpeller les députés sur le sujet en ce moment-même, tout le monde est appelé à donner son avis. Le gouvernement va-t-il accepter d’octroyer des aides publiques en échange de mesures écologiques et sociales contraignantes ? Ou va-t-il une fois de plus répéter le scenario « business as usual » responsable de la crise écologique et sociale en cours ?

Laurie Debove

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