Selon une étude, une grande majorité des miels produits dans le monde sont désormais contaminés par les insecticides.
Déclin des abeilles et contamination du miel
Une étude sur les « néonicotinoïdes », les pesticides les plus utilisés à travers le monde, a été dirigée par le professeur Suisse Edward Mitchell durant 3 ans. Les néonicotinoïdes, aussi appelés « tueurs d’abeilles » jouent un rôle déterminant dans le déclin d’Apis mellifera ( abeille à miel domestique originaire d’Europe. Elle est considérée comme semi-domestique. C’est une des abeilles élevées à grande échelle en apiculture pour produire du miel et pour la pollinisation ) et contaminent par la même occasion la grande majorité des miels récoltés à travers le monde.
Cette contamination affecte un grand nombre d’espèces ainsi que l’ensemble de la chaîne alimentaire, jusqu’à l’homme. Cela a conduit les autorités de plusieurs pays à prendre des mesures de restriction depuis plusieurs années.
En 2017 cette étude franco-suisse a ainsi déterminé que 75 % des miels analysés contenaient des traces de substances neurotoxiques. 300 pots avaient été récupérés provenant d’Alaska, d’Australie, d’Europe ou encore d’Asie.
« Nous avons opéré une sélection pour garder un échantillonnage qui ne surreprésente pas certaines régions par rapport à d’autres » explique un chercheur à l’université de Neuchatel (Suisse). « En définitive, nous avons conservé 198 miels différents pour l’analyse » précise-t-il.
Ces analyses sont le reflet d’une contamination des sources de nourritures des insectes pollinisateurs, tels que le nectar et le pollen, pouvant provoquer des troubles à différents niveaux. En effet, pour de nombreux insectes, l’exposition « chronique à faible dose » de ces substances provoque des troubles cognitifs, une baisse de l’immunité et une diminution de la capacité à se reproduire. Par ailleurs, dans certains cas, les néonicotinoïdes altèrent le système nerveux des insectes, entrainant la paralysie puis la mort.
Les risques sur la santé
Selon, Christopher Connolly, chercheur à l’université d’Ecosse, le miel est « un bon indicateur de l’état général des écosystèmes ». Remontant à la source, le miel « contaminé » est bien le fruit de l’utilisation de pesticides dans l’environnement voisin, pouvant provenir d’un rayon de plusieurs kilomètres.
Les chercheurs se veulent malgré tout rassurants quant aux risques sur la santé humaine. « Selon les normes en vigueur, la très grande majorité des échantillons étudiés ne posent pas de souci pour la santé des consommateurs » explique Edward Mitchell.
C’est toutefois « l’effet cocktail » qui pose problème. En effet, les organismes sont contaminés par plusieurs substances toxiques provenant de multiples pesticides issus des produits alimentaires ou de la pollution de l’air.
« Avec plus de 350 pesticides de synthèse utilisés, (…) les combinaisons sont infinies et rendant toute étude illusoire. Nous sommes donc réduits à nous baser sur des recherches à court terme, souvent centrées sur le seul composé « actif ». Nous ne tenons donc compte ni des adjuvants, ni de la présence de métabolites parfois aussi toxiques, si ce n’est plus, que les composés actifs eux-mêmes ».
Soumis à des restrictions d’usage dans l’Union Européenne depuis 2013, trois néonicotinoïdes sont désormais interdits en France depuis 2018.