Étude macroéconomique
Une étude intitulée « Macroeconomic evidence suggests that asylum seekers are not a “burden” for Western European countries » a été publiée dans Science Advances. Elle montre qu’au lieu de peser sur les finances publiques des pays, les migrants ont un impact bénéfique sur l’économie.
Les chercheurs se sont appuyés sur des données d’Eurostat et de l’OCDE couvrant la période de 1985 à 2015 pour livrer une analyse macroéconomique. Ils ont utilisé la méthodologie du « multiplicateur keynésien », qui est souvent employée pour quantifier l’effet d’une hausse des dépenses publiques sur le PIB.
L’étude considère l’ensemble des pays d’Europe de l’Ouest. Elle prend en compte le fait que certains pays enregistrent plus de demandes d’asile que d’autres. Quantitativement, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Suède et les Pays-Bas sont les principaux pays d’accueil.
Lorsqu’on rapporte les flux à la population, la Suède, l’Autriche, la Norvège, la Belgique et l’Allemagne sont ceux ayant enregistré le plus de demandes d’asile en moyenne. Concernant la France, la migration extra-européenne représente en moyenne chaque année 189 000 personnes, dont le quart pour motifs d’études et la moitié pour motifs familiaux.
Les migrants, un fardeau ?
« Le débat politique de l’immigration se concentre beaucoup trop sur le supposé « coût économique » des migrants. Nous montrons que leur présence, qu’il s’agisse des migrants permanents ou des demandeurs d’asile, n’a pas d’impacts économiques négatifs » explique l’un des auteurs, Hippolyte d’Albis, directeur de recherche CNRS.
L’effet positif du flux de migrants permanents est particulièrement visible. À une date donnée, à la suite d’une augmentation de ce flux, les chercheurs ont observé une baisse du taux de chômage et une augmentation significative du PIB par habitant pendant 4 ans.
« Cette amélioration de la situation économique va aussi avoir un effet positif sur les finances publiques, car même si l’on observe une hausse des dépenses publiques, les recettes – en impôts et cotisations – augmentent elles aussi. » ajoute Hippolyte d’Albis.
De plus, les migrants sont loin de « voler le travail des Français ». C’est ce qu’énonce Pierre Henry, Directeur général de France terre d’asile :
« Ils font plutôt le travail que les Français ne veulent pas faire. Avec des métiers qui sont durs, aux horaires décalés et à la rémunération extrêmement faible. ».
Hippolyte d’Albis appuie cette constatation :
« Les personnes issues de l’immigration familiale sont particulièrement présentes sur le marché des services domestiques et à la personne, ce qui facilite l’emploi des nationaux. »
Ainsi, même en se restreignant à la migration familiale, les effets observés sont positifs. « La réunification des familles réduit les transferts d’argent vers le pays d’origine et accroît les dépenses de consommation en France. » conclut Hippolyte d’Albis.