Ils sont les poumons verts de nos villes, les espaces où l’on vient oublier le bitume, se ressourcer, faire du sport, flâner, discuter, jouer, lire, pique-niquer. Les jardins publics en disent long sur le rapport à la nature et sur les spécificités culturelles d’un pays.
En France, l’accès aux jardins dans les villes ont longtemps été l’apanage des privilégiés. Aujourd’hui, les jardins publics sont au contraire les seuls lieux dans l’espace urbain où tous les âges et les milieux sociaux se retrouvent. Depuis la Renaissance, l’homme en quête d’un savoir universel qui se partage de plus en plus crée les jardins botaniques, véritables bibliothèques à ciel ouvert des connaissances médicinales.
Les jardins ont toujours été un espace d’expression de la puissance des monarques. L’accès aux jardins royaux est un signe de reconnaissance de la part du monarque, qui y exprime sa puissance, son raffinement et les codes esthétiques.
Le jardin à la française reprend le style italien lui-même hérité de Rome : une nature absolument contrôlée, taillée, qui se soumet aux normes géométriques et à la symétrie. Haies, chemins de gravier droits, arbres identiques, ils manifestent la toute-puissance de l’humain sur la nature. Ce type de jardin a culminé au 18ème siècle avec Le Nôtre et les jardins du château de Versailles.

De l’autre côté de la Manche, à la même époque, c’est un tout autre style qui s’exprime par les jardins. Les anglo-saxons connaissent le romantisme un siècle avant la France, et nombre de créateurs de jardins sont des peintres. Ils cherchent à imiter la nature, en donnant l’illusion des espaces sauvages sur une petite surface. Formes arrondies, courbes, troncs tortueux, ruisseaux, étangs, précipices, impression de se perdre.
Au Japon, le jardin est conçu comme un espace spirituel accompagnant la pratique zen. Comme le jardin à l’anglaise, il cherche à reproduire des paysages naturels en miniature, selon un art proche de la calligraphie et du lavis (peinture à l’encre). Mais les Japonais utilisent beaucoup la simplification et le vide, propice à la méditation. Jouant sur la dissimulation et l’asymétrie, il se situe à l’opposé du jardin à la française, mais cherche tout autant à contrôler la nature en concentrant sa force dans un tout petit espace, à l’image du bonsaï.

Les jardins islamiques sont hérités des jardins persans, et symbolisent le paradis. On y retrouve la géométrie des jardins à la françaises, plus arrondies, mais aussi la quête spirituelle des jardins japonais. Ils jouent sur la lumière et l’ombre en créant des aménagements souterrains. Comme dans tous les jardins, l’eau est un élément crucial.
Aujourd’hui, les jardins deviennent des enjeux écologiques pour les villes. Poches de préservation de la biodiversité, ils sont aussi conçus pour faciliter les déplacements à pied. Les jardins potagers en pleine ville sont de plus en plus fréquents, manifestant le désir de beaucoup de retrouver le lien premier à la nourriture. À Budapest, un jardin-forêt-comestible public est né à l’initiative de citoyens, en partenariat avec la municipalité et une coopérative sociale. Ce lieu devient un espace de résistance à la monoculture, encourageant l’interdépendance des plantes.
À Montréal, les couloirs verts où les citoyens peuvent cueillir courgettes, tomates et aromates peuvent se trouver au milieu des trottoirs. Partout dans le monde, les architectes travaillent à concevoir la ville de demain, où les plantes intégrées aux architectures chauffent ou refroidissent le bâtiment, nourrissent les hommes et procurent un habitat pour les animaux. Aujourd’hui plus encore, les jardins en ville sont un territoire de contestation et d’imagination pour créer le monde de demain.