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Les fermes à saumon déciment les phoques pour que leur industrie prospère

L’ONG Seal Protection Action Group (SPAG), qui a attiré l’attention sur ce fait, cite également la chaîne Marks & Spencer.

Dans son milieu naturel, le phoque, malgré ses yeux mouillés attendrissants, est un redoutable prédateur : il consomme environ 2 kg de poisson par jour – une pêche qui peut atteindre 4 kg si le poisson est abondant. Rien d’étonnant donc, à ce que les phoques s’attaquent aux élevages de saumon qui bordent les côtes de l’Ecosse, de la Norvège ou de la Suède. Malheureusement, certains éleveurs ont parfois recours aux services de chasseurs pour tenir éloignés des précieux saumons ces infortunés prédateurs.

Victimes collatérales

Chaque année, le gouvernement écossais en fait état dans ses rapports : des phoques sont abattus par des éleveurs de saumon alors qu’ils s’aventuraient trop près des bassins d’élevage. En 2017, ce sont 98 bêtes qui ont fait les frais de cette protection assidue des élevages, pour un total d’animaux abattus culminant à 1 500 sur les cinq dernières années.

Ce chiffre, jusqu’alors passé inaperçu, fait aujourd’hui couler de l’encre car l’enseigne britannique Waitrose, qui s’est toujours targuée d’une éthique irréprochable dans son approvisionnement, a reconnu qu’elle avait commercialisé du saumon originaire d’exploitations pratiquant l’abattage de phoques.

L’ONG Seal Protection Action Group (SPAG), qui a attiré l’attention sur ce fait, cite également la chaîne Marks & Spencer. Sans nier l’existence de ces pratiques, les deux enseignes ont insisté sur leurs exigences en matière de bien-être animal : « nous ne voulons aucun mal aux phoques, ni à aucun autre animal marin. Nous avons montré l’exemple à l’industrie sur ce point et investi du temps et de l’argent pour éviter de telles situations », a déclaré Marks & Spencers, contacté par le quotidien britannique The Independent.

Crédit pPhoto : Samuel Scrimshaw

Selon SPAG, cette pratique pose problème car les populations de phoque (il s’agit là de phoques communs et de phoques gris) sont déjà menacées en Grande-Bretagne par la maladie de Carré du phoque, un virus au potentiel dévastateur (en 2002, une épidémie a décimé plus de la moitié de la population des phoques en mer du Nord). Malgré une bonne santé globale (les deux espèces sont indiquées comme « préoccupation minimale » sur la liste rouge de l’IUCN), ces deux espèces de phoques se remettent lentement d’une époque de forte chasse (les effectifs sont d’environ 300 000 individus dans le monde pour chaque espèce).

Enfin, le but de SPAG est l’information des consommateurs. Même si la pratique de l’abattage, dans des proportions réduites comme ici, n’est pas inhumaine, il est important que les consommateurs de ce savoureux mets soient au courant de ce qu’ils cautionnent par leur achat : « je ne pense pas que le public sait que des phoques sont abattus juste pour qu’il puisse manger du saumon », a déclaré Andy Ottaway, de SPAG. Une campagne d’information qui a fait mouche, puisque le gouvernement américain a récemment durci ses règles d’importation pour les produits issus d’élevages ne respectant pas suffisamment les mammifères marins.

Crédit Photo : Andrew Pons

La situation s’améliore

Avec du recul, l’Ecosse est pourtant un bon élève au regard de la protection des phoques : la chasse y est interdite, et des licences spécifiques sont accordées pour les élevages de saumon. Ce n’est pas le cas d’autres pays, comme la Norvège ou la Canada, où la chasse est encore permise (au Canada, on abat encore jusqu’à 50 000 phoques par an) ; dans le cas de la Norvège, la suppression des subventions à la chasse au phoque devrait provoquer sa disparition progressive (celles-ci assurent aujourd’hui plus de 80 % des revenus des chasseurs).

De manière générale, le problème de la chasse aux phoques est tout de même en constante amélioration. Comme le reconnaît SPAG, le nombre de phoques tués a chuté de près de 80% entre 2011 et 2015. Cette amélioration a été permise par l’installation de systèmes d’éloignement des phoques non mortels comme des filets de protection ou des émetteurs d’ultrasons. La nouvelle est donc plutôt bonne pour une filière déjà percluse de problèmes de pollution de l’environnement marin, de mauvaises conditions d’élevage ou encore de toxicité du poisson.

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