La période des juvéniles qui court d’avril à septembre est une période particulièrement critique pour la faune sauvage. C’est pourquoi il est essentiel de sensibiliser la population sur les gestes à adopter face à un animal en détresse et de soutenir les centres de soins, déjà saturés.
Des a priori dangereux pour les animaux
« Il y a beaucoup de ramassage par manque d’information, en particulier les chouettes hulottes et les renardeaux que l’on pense livrés à eux-mêmes alors que les parents reviennent », indique Céline Grisot, directrice du centre Faune Alfort, seul centre d’Ile-de-France à prendre en charge toutes les espèces sauvages.
Elle souligne également qu’il ne faut pas hésiter à simplement replacer un oisillon dans son nid s’il est tombé.
Quelques signes doivent alerter pour repérer un animal en détresse : « La vue du sang, un animal prostré, la gueule ouverte à chercher de l’oxygène, des difficultés à se déplacer… », liste la directrice de Faune Alfort pour La Relève et La Peste.
« Un juvénile qui n’est pas blessé est en alerte, a des gros yeux, vous observe, est aux aguets, il y a vraiment une différence. Dans tous les cas, c’est important d’insister sur le fait qu’il ne faut pas s’improviser soigneur animalier. »
Au risque de causer davantage de stress et de dégâts. Le premier réflexe est de contacter un centre de soins pour obtenir des conseils, en envoyant une photo.
« En fonction de l’espèce, il y a des protocoles totalement différents », précise Laure Labarthe, directrice du centre Paloume dans les Landes, pour La Relève et La Peste. Le réseau des centres de soins de la faune sauvage répertorie tous les centres en France.
En cas d’absence immédiate de réponse, l’animal peut éventuellement être placé dans un carton troué (pour l’aération) en se protégeant et en prenant un maximum de précaution, avec une gamelle d’eau à disposition, sans forcer l’animal à boire du fait de risque de noyade ou de fausse route. Il ne faut pas non plus le nourrir. L’animal peut être placé dans un endroit calme et doit être manipulé le moins possible.
Les renardeaux sont parfois ramassés à tort – Crédit : Centre Faune Alfort
Des centres de soin saturés
Plus de 1 200 animaux sont actuellement pris en charge dans le centre Faune Alfort. « Nous sommes plus que submergés. Cette année, nous allons atteindre facilement les 10 000 animaux. Cela me donne le vertige. Jusqu’où va-t-on aller et avec quels moyens ? », alerte Céline Grisot auprès de La Relève et La Peste. Le centre est prévu initialement pour n’en accueillir que 5 000.
Beaucoup de centres de soins n’ont d’autre choix que de fermer temporairement en arrêtant d’accueillir de nouveaux animaux pour faire face à l’afflux. A Faune Alfort, la question se pose tous les jours.
« C’est une décision difficile de se dire que l’on va condamner des milliers d’animaux », souligne la directrice de Faune Alfort, qui doit aussi prendre en compte la santé de ses équipes surmenées.
De son côté, le centre Paloume n’accueille pour le moment plus certaines espèces comme les tourterelles, les merles, les pies ou encore les lapins, qui ne sont pas en danger d’extinction.
« Nous avons décidé de privilégier les espèces protégées. On a déjà dépassé les 1 000 animaux alors que d’habitude nous y arrivons en fin d’année », rapporte Laure Labarthe, regrettant de ne pouvoir assurer les soins de tous les animaux.
Ici aussi, les salariés ne comptent pas leurs heures et les soins ne seraient pas possibles sans l’aide précieuse des bénévoles.
Le printemps et l’été sont les saisons les plus intenses pour les centres de soins de la faune sauvage – Crédit : Centre Faune Alfort
Si le pic de chaleur survenu en juin a entraîné un accueil massif de martinets et d’hirondelles, une des raisons de cet afflux croissant est aussi une sensibilisation accrue du public.
« On constate une vraie prise de conscience du public, qui exige qu’un animal sauvage soit soigné au même titre que le chien et le chat », remarque Céline Grisot pour La Relève et La Peste.
« Mais les aides et l’intérêt politique ne sont pas à la hauteur de notre travail. A Faune Alfort, les subventions publiques ne représentent que 15 % de notre budget, alors que nous avons besoin de financements pérennes pour fonctionner toute l’année. »
Dans cette période critique pour la faune sauvage, les dons sont aussi essentiels pour aider les centres de soins à poursuivre leur indispensable travail.
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