Samedi dernier, l’ONG Oxfam France a publié le rapport « Les banques françaises, les fossiles raflent la mise ». Il montre comment les six plus grandes banques françaises investissent dans les énergies fossiles au détriment des renouvelables. Un rapport accablant.
Fond bleu et vert derrière le pupitre, c’est avec le slogan « Changeons ensemble » à ses côtés qu’Emmanuel Macron a présenté ce mardi son programme pour la transition écologique. Un discours dont l’objectif principal était de répondre au mouvement des gilets jaunes et d’annoncer les grandes lignes politiques de la transition écologique. Mais le rapport publié par Oxfam samedi dernier vient quelque peu décrédibiliser cet étendard vert. Alors que la France, dans les accords de Paris, avait affirmé sa volonté de réduire ses émissions de CO2, les six plus grandes banques françaises ont développé les investissements dans les énergies fossiles, au détriment des renouvelables.

71 %, voilà le chiffre à retenir. C’est le pourcentage des financements accordés aux énergies fossiles sur l’ensemble des investissements énergétiques en 2016 et 2017 par ces six banques. Soit près de 43 milliards d’euros, pour seulement 11,8 milliards consacrées aux énergies renouvelables.
« Sur 10 euros de financements accordés par les banques aux énergies, 7 euros vont aux énergies fossiles, contre 2 euros seulement aux renouvelables » résume Oxfam France dans son rapport.
Mais il y a pire, alors qu’on pourrait supposer que ce pourcentage est en baisse, l’ONG montre que c’est tout le contraire. Les financements dans les énergies renouvelables ont baissé à hauteur de 1,8 milliards d’euros, et ceux consacrés aux fossiles ont augmenté du même montant… Des chiffres accablants et alarmants.
« Notre engagement pour l’environnement couvre les impacts directs et indirects du groupe et fait de la lutte climatique une de nos priorités. Nous avons défini des conditions précises de financement et d’investissement dans des secteurs à fort impact environnemental : l’énergie nucléaire, l’électricité produite à partir du charbon et la pâte à papier. » Voilà ce qu’on trouve sur le site de la BNP Paribas France.
Une banque également partenaire de la COP 21 à Paris. Devinez quoi ? C’est la banque française qui consacre et investit le plus de fonds dans les énergies… fossiles avec 12,8 milliards d’euros sur les années 2016-2017. Où quand l’hypocrisie n’a plus de limite. Comment peut-elle alors affirmer cela ? Oxfam France montre que BNP Paribas a pris quelques engagements dans la lutte contre le réchauffement climatique. L’ONG note cependant qu’ils sont insuffisants : « au regard de l’urgence climatique et des montants financés, les banques françaises doivent opérer des changements bien plus significatifs dans leurs politiques de financements et d’investissements. »

Si les principales banques sont pointés explicitement du doigt, l’Etat n’est pas pour autant acquitté de toute responsabilité. En conclusion, le rapport appuie que « les actions de l’État encourageant la réorientation des financements privés des énergies fossiles vers les renouvelables sont aussi très insuffisantes » et que « la France doit aller plus loin ».
Rappelons ainsi que les politiques d’investissements façonnent notre régime énergétique de demain. Cela devrait être donc un volet majeur des réformes pour la transition écologique. Force est de constater qu’aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Et que malgré les beaux slogans écologiques qui accompagnent les discours du président de la République, rien ne change.