Des chercheurs se sont intéressés à la manifestation de signes de deuil chez des mammifères marins et terrestres. Le résultat est sans appel : tout comme les humains, ils éprouvent un immense chagrin face à la perte d’un être cher.
Dans cette étude, publiée récemment dans le Journal of Mammalogy, la biologiste Melissa Reggent et ses collègues ont regroupé différentes observations dans le monde d’espèces animales traversant des phases de deuil. Des girafes, des chimpanzés, mais aussi des cétacés, ont montré qu’ils éprouvaient de la tristesse en voyant l’un de leurs pairs mourir.
« Ils sont en deuil. Ils souffrent et sont anxieux. Ils ont conscience que quelque chose ne tourne pas rond. Nous avons découvert que ce comportement est très fréquent et très répandu à travers le monde », Melissa Regent.
Si les cimetières d’éléphants sont bien connus, les scientifiques ont également relevé que les pachydermes faisaient de nombreux allers-retours auprès du corps d’un semblable quand celui-ci vient de trépasser. Dans les océans du monde entier, sept espèces de cétacés, dont des dauphins, des baleines et des orques, ont été vues en train de veiller auprès du corps sans vie de leurs défunts.

En Mer Rouge, un grand dauphin poussait dans l’eau les restes d’un delphineau. Quand les chercheurs ont récupéré le bébé mort pour l’enterrer, le dauphine adulte est resté à proximité des côtes longtemps après. Pour Melissa Reggente, il s’agissait selon toute vraisemblance d’une mère et son enfant.
La photo d’une orque portant hors de l’eau le corps sans vie de son petit a fait le tour du web. Près de l’île de San Juan, dans l’État de Washington, cette femelle orque du nom de L72 était suivie par des chercheurs qui savaient qu’elle avait donné naissance depuis peu. Quand ils l’ont retrouvé, la maman orque faisait tout son possible pour maintenir le corps de son bébé décédé hors de l’eau. Pour le co-auteur de l’étude Robin Baird, du Cascadia Research Collective à Olympia, dans l’État de Washington, qui a assisté aux efforts de la mère, une mère orque et sa progéniture peuvent passer toute leur vie ensemble. Selon lui, lorsque l’un des deux décède « les animaux traversent une période où ils ressentent le même type d’émotions que vous et moi ressentons lors de la perte d’un être cher ».

Le documentaire « Blackfish » dévoilait l’intelligence émotionnelle exceptionnelle des orques en raison de la taille de leur lobe limbique, bien plus grand que celui des humains. Grâce à ce système limbique dédié aux souvenirs et aux émotions, les orques font preuve d’empathie et de sens de la communauté très fort. Il est donc tout à fait naturel que les orques puissent également traverser des périodes de deuil, tout comme d’autres espèces dont l’homme, dans un anthropocentrisme exacerbé, aurait tendance à penser qu’elles ne peuvent pas penser et ressentir de façon aussi complexe que lui.
Les preuves de leur sensibilité posent une fois de plus la question : puisque les animaux ressentent des émotions, l’être humain ne devrait-il pas les traiter avec plus de bienveillance ?