Actuellement, en France, un million et demi de mètres cubes de déchets nucléaires dorment dans des centres de stockage. C’est l’équivalent de 4 tours Montparnasse.
Si 90 % de ces déchets cesseront d’être radioactifs d’ici quelques siècles, 10 % resteront nocifs longtemps… jusqu’à plus de 100 000 ans.
Leur haute radioactivité représente un danger pour les populations, mais à ce jour aucune solution satisfaisante n’a été trouvée pour s’en débarrasser.
Pendant des décennies, de nombreux pays ont envoyé leurs déchets au fond des océans. Ils se sont finalement rendu compte de la dangerosité de cette pratique et l’ont interdite.

La Finlande a pour sa part choisi une autre solution, qu’elle met en œuvre sur un site appelé Onkalo « la caverne ». Le principe : creuser jusqu’à 500 mètres sous la surface, enterrer les boîtes contenant les déchets dans un immense réseau de tunnels et refermer pour toujours.
Le problème, c’est qu’enfouir les déchets comporte de très gros risques.
D’abord, il est peu probable que le sol reste stable durant les milliers d’années à venir. Si le sol bouge, la radioactivité risque de se diffuser jusqu’à la surface.
Ensuite, comment être sûr que les générations à venir n’aillent pas creuser à cet endroit ?
Certains veulent tout simplement faire en sorte de ne laisser aucune trace visible du site, et d’attendre qu’il soit totalement oublié. Mais l’Homme, que ce soit pour violer des tombeaux antiques ou explorer la planète, a toujours eu envie de creuser, même dans les endroits les plus reculés. Alors il faudrait pouvoir faire comprendre à nos descendants que des objets très dangereux sont enterrés là. Transmettre un message compréhensible dans 100 000 ans… sachant qu’il y a 10 000 ans, nos ancêtres ne savaient pas encore écrire.

Un rapport commandé par le Département de l’énergie des Etats-Unis s’est penché sur la question. Il propose, puisqu’il semble impensable que le langage reste le même, que ce soit le paysage qui véhicule l’idée du danger. Des pointes, des blocs menaçants pourraient être érigés, accompagnés de dessins inspirant la peur et ressemblant par exemple au « Cri » d’Edvard Munch.
Tout cela reste en suspens, mais la Finlande s’est donné jusqu’à la fin du XIXe siècle avant de fermer Onkalo.
Avec le site de Cigéo, à Bure, la France est confrontée aux mêmes enjeux. Au cas où une meilleure solution émergerait, l’Etat a décidé que les déchets devaient pouvoir être déterrés pendant 100 ans.
Pour le physicien Bernard Laponche, l’un des experts les plus reconnus dans le domaine, le stockage des déchets radioactifs dans la croûte terrestre est « inacceptable » vis-à-vis des générations futures.
L’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) et l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN), appuyés par des travaux d’experts indépendants, ont soulevé plusieurs interrogations. Comment lutter contre les risques d’explosions ou d’incendie liés à la production d’hydrogène ? Est-il possible de contenir les infiltrations d’eau ? Que faire, en cas d’accident, face à l’impossibilité de récupérer les déchets présentant un défaut ?

De nombreux chercheurs travaillent sur d’autres solutions. Ils ont notamment l’espoir de parvenir à recycler les restes d’uranium grâce à la transmutation. Malheureusement cette technologie est loin d’être aboutie et produirait malgré tout des déchets de longue durée.
Une autre idée serait d’envoyer les déchets dans le soleil, qui a comme propriété bien utile de brûler absolument tout. La solution-miracle… si elle n’impliquait pas de remplir une fusée avec des éléments radiocatifs à expédier. Or une fusée, ça explose.
En attendant, l’Agence Nationale pour la Gestion des Déchets Radioactifs a annoncé que d’ici 2030, trois nouvelles tours Montparnasse de déchets nucléaires seront produites en France.