En Indonésie, la déforestation massive et la mise en place d’énormes exploitations de palmiers à huile menacent la survie du tigre de Sumatra. La détérioration de son habitat naturel a déjà conduit à la disparition des espèces voisines, les tigres de Bali et de Java, et sa préservation sur l’île de Sumatra va dépendre de la façon dont le gouvernement va protéger les espaces nécessaires à sa survie.
Depuis une trentaine d’années, l’archipel indonésien connait une transformation sans précédent. Avec l’explosion du marché de l’huile de palme, l’Indonésie a réorienté presque toute son économie sur ce marché, sans en évaluer les risques endémiques pour l’écosystème.

Environ 85 % de l’huile de palme est originaire des plantations d’Indonésie et de Malaisie. La Table ronde pour une huile de palme durable estime qu’entre 1990 et 2010, 8,7 millions d’hectares de forêt ont disparu à cause de sa culture. On déboise, souvent en brûlant, pour replanter des palmiers à huile, au détriment des quelques 70 000 derniers orang-outang notamment (Environ 14 000 à Sumatra et 55 000 à Bornéo d’après WWF), dont on détruit petit à petit le milieu naturel.
Vivant sur les îles de Bornéo et de Sumatra, le tigre de Sumatra est lui aussi aujourd’hui « en danger critique d’extinction ». D’après une étude publiée dans la revue Nature Communications, l’habitat naturel du tigre a été réduit de 17 % entre 2000 et 2012, ce qui a conduit à une diminution de 742 individus (adultes) à 618 sur la même période. Entre 1990 et 2010, c’est 40 % de la forêt primaire qui a été détruite, ce qui affecte également beaucoup les proies des tigres. D’après WWF,
« [Les tigres] se voient contraints de chercher de la nourriture dans les zones habitées, une situation qui alimente les conflits hommes-animaux. »
La même étude publiée dans Nature Communications montre que les populations de tigres de Sumatra ont été subdivisées en petits groupes, ce qui les rend encore plus vulnérables. De même, il resterait seulement deux espaces suffisamment vastes (environ 400 km2, d’après les auteurs de l’étude) pour « accueillir des regroupements de 30 femelles reproductrices, seuil nécessaire à a survie de l’espèce ».

Mais, un autre facteur expliquant la disparition chronique du tigre de Sumatra est le braconnage. En effet, en médecine chinoise traditionnelle notamment, on attribue à certaines parties du tigre des propriétés bénéfiques pour la vitalité et la virilité. D’après une enquête de TRAFFIC, le braconnage en vue du commerce était responsable de plus de 78 % de la mortalité des tigres de Sumatra (soit environ 40 individus par an) entre 1998 et 2002.
Ainsi, deux grandes mesures sont nécessaires pour assurer la préservation des tigres de Sumatra : d’une part, la protection des vastes espaces naturels restants contre l’appétit des exploitants d’huile de palme, et d’autre part, la lutte contre le braconnage et le commerce illégal. L’Indonésie – en collaboration avec le WWF – s’est d’ailleurs engagé à doubler la population de tigres d’ici 2022.