Après trois années de politiques anti-austérité, le Portugal affiche aujourd’hui sa « croissance du siècle » : +2,7 % en 2017.
Depuis octobre 2015, suite à l’arrivée à la tête du gouvernement d’une coalition de gauche menée par Antonio Costa, le Portugal s’est émancipé des règles d’austérité budgétaire imposées par la troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international). Le ministre des Finances, Mario Centeno, avait alors mis en place une politique de « restauration des revenus », c’est-à-dire un rétablissement des salaires et des retraites de la fonction publique accompagné d’une élévation des impôts indirects (essence, automobile, tabac).
C’est donc dans un premier temps par la relance du pouvoir d’achat et de la consommation que le gouvernement a relancé l’économie. Les exportations ont également nettement progressé, avec une augmentation de 50 % en volume depuis 2010.
Ces premiers bons résultats avaient déjà conduit la Commission européenne à recommander en mai 2017 la clôture de la procédure de déficit excessif ouverte en 2009 et l’agence Standard&Poor à sortir la dette portugaise de la catégorie des investissements à risque en septembre. Aujourd’hui, le Portugal est dans le peloton de tête des croissances européennes et connaît son plus fort taux de croissance depuis 2000 : +2,7% en 2017.

Si le gouvernement en place peut se réjouir de ses bons résultats — qui donnent de nouveaux arguments en faveur d’un « modèle portugais » dont la recette se passe de l’amertume des politiques budgétaires d’austérité — l’opposition estime quant à elle que l’économie lusitanienne récupère seulement maintenant les fruits des politiques menées par l’ancien gouvernement de droite, pro-austérité.
En effet, malgré le « score » encourageant du gouvernement de coalition, reste encore des zones d’ombre sur l’avenir de ces jours lumineux pour l’économie portugaise. En effet, les entreprises portugaises restent surendettées, ce qui limite l’investissement. De même, bien que la croissance du PIB soit la plus importante du siècle, son montant reste toujours inférieur à celui de 2008 (avant la crise économique). Par ailleurs, la population active a chuté de 6 % depuis 2010 suit à l’implosion démographique et à l’exode de la jeunesse.
Ces différents éléments, analysés par Jacques Adda dans Alternatives économiques, montrent en réalité que le « potentiel de croissance de l’économie, qui mesure l’écart entre le taux de croissance observé et ce qu’il serait si l’économie utilisait de façon normale les ressources humaines et en capital dont elle dispose, est négatif depuis 2012. Une caractéristique partagée seulement avec la Grèce et l’Italie, parmi les pays de l’OCDE. » En somme, cela signifie que le plus dur reste à faire pour pérenniser ce taux de croissance.