Sous le nom de « Billion Tree Tsunami », ce programme de reboisement pakistanais a été lancé dans une région aride au nord-ouest du Pakistan. Il a surpassé son objectif en générant plus d’un milliard d’arbres entre 2014 et 2018 : une véritable prouesse écologique aux retombées économiques pour les habitants de la région.
D’un désert à une oasis
En seulement quatre ans, le paysage désolé de la province du Khyber-Pakhtunkhwa s’est transformé en un panorama luxuriant. Grâce au travail de 16.000 personnes, plus de 300 millions d’arbres de 42 espèces différentes ont été plantés dans toute la région, 150 millions de plants ont été confiés à des particuliers, et des mesures rigoureuses de régénération forestière ont favorisé le développement de 730 millions de repousses. Aujourd’hui, le programme annonce avoir fait pousser 1 milliard 208 millions d’arbres sur 350 000 hectares. L’antenne WWF au Pakistan a mené un audit externe et évalué leur succès à plus d’1 milliard 60 millions d’arbres.

« Avant, c’était de la terre brûlée. Maintenant, ils ont de l’or vert entre les mains », commente pour l’AFP Pervaiz Manan, un responsable forestier qui a supervisé le programme à Heroshah. « Les plantations ont amélioré la beauté du site. Mais elles contrôlent aussi l’érosion, contribuent à limiter les effets du changement climatique et diminuent les risques d’inondations. »
Cette opération exceptionnelle détonne dans ce pays où le taux de couverture forestière est de seulement 5 %, bien insuffisant par rapport aux 12 % conseillés par l’ONU. Dans les hautes vallées de Swat, des coupes massives avaient ainsi été effectuées par les talibans entre 2006 et 2009, mettant à nus des pans entiers de montagnes. De plus, le Pakistan est l’un des six pays risquant d’être les plus touchés par le changement climatique. La reforestation est donc l’un des enjeux majeurs du pays pour en préserver la biodiversité et séquestrer le CO2.
Une volonté politique à l’origine du projet
Ce programme de reforestation n’est pas l’initiative d’une association, mais celle d’une volonté politique forte menée par Imran Khan, ancien champion du monde de cricket et tout nouvellement élu Premier Ministre du Pakistan. En 2014, alors qu’il gouvernait la province de Khyber Pakhtunkhwa avec son parti PTI, il s’était engagé au Défi de Bonn a reboisé plus de 348 400 hectares de forêt.

Le Défi de Bonn est un effort mondial visant à restaurer 150 millions d’hectares de terres déboisées et dégradées dans le monde d’ici 2020, et 350 millions d’hectares d’ici 2030. La Province de Khyber Pakhtunkhwa était la première entité infranationale à s’inscrire au Défi de Bonn, mais surtout la première au monde à terminer le défi en dépassant son objectif initial, et cela dans la moitié du temps imparti !
Pour atteindre son objectif, la Province de Khyber Pakhtunkhwa a investi 143 millions d’euros dans le projet et créé de nombreux emplois locaux dans des pépinières et des postes de gardes pour combattre la mafia du bois qui sévissait dans la région. Le projet a également valorisé les terres agricoles actuellement utilisées pour l’agroforesterie. L’ONG Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui a lancé le Défi de Bonn avec le Ministère de l’Environnement allemand, a qualifié le programme « Billion Tree Tsunami » de « vraie réussite pour la conservation » des forêts.
Début 2017, l’ancien gouvernement fédéral avait suivi la tendance en lançant « Pakistan vert », un projet visant à planter 100 millions d’arbres en cinq ans dans le pays. Imran Khan, désormais Premier Ministre, va-t-il aller jusqu’aux dix milliards d’arbres comme déclaré à l’AFP ?
Image à la une : Farooq Naeem/ AFP