Ricardo Salles, le ministre de l’environnement au Brésil était impliqué dans un important réseau criminel de contrebande de bois destiné à l’exportation. Il était soutenu par le président Jair Bolsonaro. Le 19 mai, le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes a ordonné la levée de son secret bancaire et la perquisition de ses bureaux. Face au scandale, il a dû démissionner.
Depuis le début du mandat du président en janvier 2019, la déforestation de la forêt amazonienne n’a cessé de croître. Rappelons que l’étude menée par la revue scientifique Nature Climate Change sur 9 années depuis 2010 a pu démontrer également que 2019 marquait une augmentation brutale de la déforestation, de 30% supérieure à la période de sécheresse extrême d’El Niño en 2015.
En mai 2021, la progression a atteint un seuil record de 41% par rapport au même mois en 2020, alors qu’il ne s’agissait que du début de la saison sèche.
Le 15 avril, le président Bolsonaro a promis dans une lettre adressée au président américain Joe Biden qu’il s’engage à mettre fin à la déforestation illégale de l’amazonie d’ici 2030, réaffirmant l’exact engagement pris par le Brésil lors de la signature de l’accord de Paris sur le climat en 2015.
Cependant, il est clair que le gouvernement n’a plus la même politique et engagement vis-à-vis de l’environnement. Outre la progression dramatique de la déforestation et l’implication d’un ministre ici dénoncée, le gouvernement brésilien soutient la mise en place du « Ferrogrão », ou « chemin de fer du grain », qui pourrait percer la forêt amazonienne sur plus de 900 km, augmenter ainsi l’exploitation de ses richesses naturelles et encourager l’augmentation des productions, ce qui pourrait ensuite également empirer le problème de la déforestation.

Quant à Ricardo Salles, il avait affirmé lorsqu’il avait pris le poste de ministre de l’environnement que son travail consistait davantage « à défaire qu’à faire ».
Il a en outre réduit drastiquement les moyens financiers et licencié la quasi-totalité des directeurs régionaux de l’institut Ibama, organe public de protection de l’environnement, et démis la quasi totalité de l’institut Chico Mendes (ICMbio) qui était chargé de protéger et de surveiller la biodiversité des parcs naturels, pour les remplacer par d’anciens policiers militaires de Sao Paulo. Ces destitutions ont selon les détracteurs également participé à la hausse de la déforestation.
« Salles tombe enfin, mais c’est encore Bolsonaro qui commande », met en garde dans un communiqué le collectif d’ONG Observatoire du Climat.
Ricardo Salles a en effet tenté de justifier sa démarche ministérielle en expliquant chercher un équilibre entre la nécessité de protéger l’environnement tout en « respectant l’agrobusiness et les entrepreneurs de tous les secteurs, comme l’exploitation minière ou l’immobilier », et a annoncé qu’il serait remplacé par Joaquim Alvaro Pereira Leite, auparavant secrétaire à l’Amazonie et aux Services environnementaux au sein du ministère.
Ce dernier a été conseiller de la société rurale brésilienne par le passé, une organisation qui présente les intérêts de l’agrobusiness. Une commission parlementaire au moment de la démission de Salles a approuvé rapidement un projet de loi pourtant très controversé qui modifie les règles en vigueur de délimitation des terres indigènes.
Le texte de loi doit encore être voté en séance plénière et passer au Sénat pour être adopté. Le 23 juin, des autochtones ont manifesté devant le Parlement et une intervention des policiers est à l’origine de plusieurs blessés.
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