Nous avons l’habitude d’entendre parler du déclin de la biodiversité en termes de chute de population, de derniers représentants d’une espèce. Mais les dangers qui menacent les équilibres du monde animal sont bien plus variés. Le déplacement soudain des populations peut être un indice inquiétant.
C’est le cas des krills, ces petits crustacés antarctiques d’environ 5 cm qui sont descendus de plus de 440 km vers le sud. De quoi alarmer les scientifiques sur une possible réaction en chaîne. À l’origine du phénomène, le réchauffement des eaux, qui rend la reproduction des krills difficile. Les vents se renforcent, les glaces reculent, et au moment du printemps austral, les larves ne parviennent pas à se reproduire.

Les krills sont une espèce clé dans la chaîne alimentaire, étant la principale nourriture de nombreux poissons, mammifères marins et oiseaux des mers, parmi les plus connus l’albatros, les baleines, ou encore les manchots. Ils participent également à réduire la quantité de CO2 dans l’atmosphère en se nourrissant de phytoplancton, qui absorbe le CO2, et que les krills rejettent au fond des océans dans les eaux froides.
Depuis les années 1970, c’est déjà 80 % de la population de krills qui a disparu. Comme le krills, de nombreuses espèces sont appelées espèces clés de voûte, quand leurs interactions avec d’autres espèces sont nombreuses, et que leur disparition compromet l’équilibre de tout un écosystème.
“Nos données sur l’abondance et la structure de la population révèlent les difficultés d’une espèce à renouveler ses générations et à se maintenir en nombre dans les franges nord de son aire de répartition”, explique Angus Atkinson, principal auteur de l’étude.
C’est le cas des loups, des abeilles, des vers de terre, le corail ou encore le castor. Les combats pour certaines espèces sont plus connus que d’autres. Pourtant, il n’y a pas à choisir, entre les espèces à défendre.