Le gouvernement français a instauré en toute fin d’année 2018 un renforcement plus dur que prévu des sanctions imposées aux chômeurs qui ne rempliraient pas leurs obligations, notamment la suppression de leurs allocations. Les syndicats professionnels dénoncent la précarisation des demandeurs d’emploi qui seront obligés d’accepter des postes sous-payés ne correspondant pas toujours à leur formation.
Emmanuel Macron avait déclaré lors de ses vœux aux Français du 31 décembre que « Le gouvernement dans les prochains mois devra poursuivre le travail pour changer en profondeur les règles de l’indemnisation du chômage afin d’inciter davantage à reprendre le travail ». Dimanche 30 décembre, un décret au Journal officiel a exposé la liste des sanctions plus fortes qui seront désormais imposées aux chômeurs manquant à leurs obligations.

Les différentes sanctions sont les suivantes. Les chômeurs seront radiés pendant un mois en cas de non-respect d’un rendez-vous. Leur allocation d’aide au retour à l’emploi est supprimée, et non pas suspendue, dès le premier manquement à la recherche d’emploi, soit le refus d’une « offre raisonnable » d’emploi, dont la qualité est jugée par Pôle Emploi. Ainsi, le demandeur d’emploi ne pourra plus refuser une offre même si le salaire est bien inférieur à ce qu’il gagnait lors de son dernier emploi. D’une façon générale, les pouvoirs de Pôle Emploi sont ainsi renforcés, donnant plus de pouvoir au conseiller pour juger de la situation et de la bonne volonté d’un demandeur d’emploi dans sa démarche.
« Tout va dépendre du conseiller Pôle emploi. C’est le conseiller qui décidera si oui ou non il doit y avoir une sanction. Il y a une fragilisation, une mise en danger. C’est tout le discours présidentiel. Pour trouver un emploi, il faut traverser la rue. C’est cette idée que les demandeurs d’emploi ne font pas suffisamment de recherches pour retrouver un emploi. C’est aussi une précarisation rampante. Ils devront accepter tous les petits boulots qu’ils trouveront, des contrats de courte durée, des contrats précaires, là où on a du mal à trouver des salariés, dans des emplois où les conditions de travail et les salaires ne sont pas bons. Ce que veut le gouvernement, c’est que les demandeurs d’emplois reprennent un emploi à tout prix, quelles qu’en soient les conditions, y compris les conditions de salaires. » Michel Beaugas, secrétaire confédéral du syndicat FO

Face à la polémique, Christelle Dubos, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Santé et des Solidarités, s’est défendue en précisant sur FranceInfo que « Ce décret concerne moins de 8% des demandeurs d’emplois, ceux qui fraudent ». En effet, une étude mise en ligne cet été par Pôle emploi apprenait que seulement 8% des bénéficiaires des allocations chômage ne recherchent pas activement un emploi.
Dès lors, pourquoi un tel empressement à mettre en place des « dispositifs de surveillance » plus durs pour une si faible catégorie de personnes quand des sommes bien plus conséquentes échappent aux caisses publiques françaises avec la fraude et l’évasion fiscale ?
Maxime Combes, économiste, dénonce une « chasse aux chômeurs plutôt qu’au chômage » et rappelle ainsi qu’ « en 2019 comme en 2018, les entreprises qui touchent grassement le CICE (qui va coûter 40 milliards en 2019) ne seront pas sanctionnées si elles n’embauchent pas. »
Image à la une : Philippe HUGUEN / AFP