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Le gouvernement débloque 410 millions d’euros pour inciter les français à réparer leurs appareils

La durée de vie des équipements électriques et électroniques s’établit en moyenne à quatre ans et demi. Mais ils pourraient durer plus longtemps, indéfiniment même : il y a donc tout un monde de la réparation à inventer.

Téléviseurs, ordinateurs, fours encastrables, machines à laver, grille-pain, et même tondeuses électriques, drones, caves à vin… On l’attendait depuis un an, il est enfin mis en œuvre : le 15 décembre est entré en vigueur le bonus réparation pour les équipements électriques et électroniques, première étape d’un système tourné vers la sobriété.

Mesure phare de la loi « anti-gaspillage pour une économie circulaire », adoptée en 2020, ce bonus a été conçu pour allonger la durée de vie générale des produits, et inciter les consommateurs à se tourner peu à peu vers la réparation.

Depuis le 15 décembre, les Français souhaitant faire réparer un produit électrique ou électronique peuvent ainsi toucher une remise de 10 à 45 euros, directement déduite sur la facture. Le montant moyen du bonus s’élève à 20 % du prix de la réparation.

Trente et une familles d’objets sont pour l’instant concernées, parmi lesquelles les appareils photo (20 euros), les enceintes (15 euros), les ordinateurs portables (45 euros), les sèche-linge (25 euros) ou encore les téléphones portables (25 euros) et les télévisions (30 euros).

D’ici 2025, une quarantaine d’autres équipements électriques comme les climatiseurs, les ordinateurs fixes et les imprimantes se joindront à cette liste, et dès 2023, la mesure se verra étendue à de nouveaux objets du quotidien tels que les articles de sport et de bricolage, les vêtements et chaussures et le mobilier.

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Pour bénéficier du bonus, les propriétaires des appareils devront s’adresser à l’un des 500 réparateurs ayant obtenu le nouveau label QualiRépar, qui les répertorie. C’est peu, quand on songe que le territoire métropolitain compte 21 000 entreprises éligibles, mais le gouvernement espère que d’ici la fin de l’année 2027, quelque 10 000 magasins auront été agréés.

Inédite en France, la mesure est dotée d’un fonds « réparation » de 410 millions d’euros sur quatre ans (2023-2026), financé par les industriels de l’électronique – dans le cadre du principe pollueur-payeur – et géré par deux éco-organismes à but non lucratif, Ecosystem et Ecologic.

Des bémols, tout de même : pour profiter de la ristourne, les produits doivent non seulement être d’origine française et ne plus être couverts par une garantie, mais il faut encore que la facture de la réparation atteigne une certaine somme, autant de contraintes qui, en pratique, pourraient constituer de sérieux freins à la mise en œuvre de la mesure.

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Selon une étude de l’Agence de la transition écologique (Ademe) publiée en 2019, 81 % des Français ont une « bonne image » de la réparation ; et pourtant, 53 % d’entre eux considèrent que réparer un objet électronique est plus coûteux que d’en acheter un neuf.

Résultat : seuls 36 % des consommateurs se tournent vers la réparation lorsqu’un de leurs équipements tombe en panne, et alors que 1,5 milliard de produits électriques et électroniques circulent en France, on estime que 10 petits millions de réparations y sont réalisées chaque année.

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La durée de vie des équipements électriques et électroniques s’établit en moyenne à quatre ans et demi : deux à trois ans pour un téléphone mobile, deux à cinq ans pour un ordinateur portable, sept à dix ans pour un écran plasma, douze à quinze ans pour une machine à laver.

Mais ils pourraient durer plus longtemps, indéfiniment même : il y a donc tout un monde de la réparation à inventer, qui permettrait d’économiser le coût environnemental de l’usinage et du transport – souvent depuis le bout du monde –, les métaux rares extraits pour fabriquer du neuf, l’eau pompée pour la fabrication, et même les emballages.

La réparation a enfin ceci de vertueux qu’elle réduit les déchets : en 2021, 57,4 millions de tonnes de produits électroniques, ultra-polluants, ont été jetées dans le monde – et cette somme augmente chaque année de 3 à 4 %. Un tel tsunami de déchets ne pourra être évité que par des mesures de sobriété : diminution des besoins, fin de l’obsolescence programmée, réemploi, réparation.

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Augustin Langlade

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