Le commerce de coquillages
Qu’est-ce qui représente 42 % des produits issus d’animaux sauvages interceptés par les agents du Fish and Wildlife Service aux Etats-Unis ?
Les coquillages de mollusques marins
Ce chiffre est révélateur de l’ampleur d’un commerce destructeur pour la vie marine, qui est devenu une véritable industrie. Les Philippines, l’Indonésie, les îles des Caraïbes et l’Inde sont les principaux fournisseurs.

Une véritable industrie
Amey Bansod – à qui National Geographic a récemment consacré un article – a pu observer qu’il s’agissait réellement d’une pêche en masse. Il raconte le fonctionnement d’une usine du Sud de l’Inde, où la pêche se fait avec un gigantesque filet traîné sur le fond marin. « Tout ce qui se trouve sur le passage du filet est écrasé, arraché ou étouffé car le fond marin est remué. » explique à ce propos l’organisation Oceana.
Un contrôle difficile
Ensuite, les coquillages sont plongés dans des cuves remplies d’huile et d’acide, avec les mollusques toujours vivants à l’intérieur. Ils sont enfin nettoyés puis envoyés à l’étranger et dans le reste du pays pour être vendus. Entre 30 et 100 tonnes de coquillages par mois sont traitées par mois dans cette usine, qui n’est qu’une parmi d’autres en Inde.
La présence d’une grande partie des coquillages dans ces usines est illégale. Mais l’application du Wildlife Protection Act, censé protéger la faune sauvage en Inde, est peu rigoureuse.

La protection de ces animaux de plus en plus rares doit aussi passer par un contrôle du commerce international. Le problème, c’est que la plupart des douaniers sont incapables d’identifier les coquillages d’une espèce protégée.
« Pour ne rien arranger, les autorités portuaires ne comprennent pas pourquoi ce commerce est problématique ou bien refusent de l’admettre. À leurs yeux, ces coquillages ne sont que des matières premières. » déplore Amey Bansod.
Parmi les coquillages les plus vendus, il y a celui du nautile. Sa sublime coque en spirale multicolore a tant de succès que plus de 900 000 nautiles ont été importés aux Etats-Unis entre 2005 et 2014. Figurant depuis 2017 sur la Liste des espèces protégés par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), ils ne peuvent pas se reproduire en captivité.

Un trafic à stopper
Le commerce de coquillages a des conséquences sur la vie marine dans le monde entier. Ils remplissent des rôles écologiques essentiels. Les lambis par exemple, servent de nourritures aux tortues, requins et autres animaux marins. Ils servent de supports à des algues dont d’autres animaux se nourrissent, ainsi qu’aux bernacles, qui nettoient l’eau en la filtrant.
Puisqu’elle peut aujourd’hui s’effectuer par Internet, la vente des coquillages est encore plus difficile à contrôler. Pourtant, la situation est alarmante. WWF et TRAFFIC ont révélé dans une étude de 2016 le rythme effréné de ce trafic. Peut-être faudrait-il commencer à se dire, comme la conseillère de « Defenders of the Wildlife » Alejandra Goyenechea :
« Les animaux sauvages ont leur place dans la nature, pas dans nos maisons ».