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L’arnaque ubuesque des bio-carburants qui sacrifient nos forêts

Les bienfaits écologiques des biocarburants sont un mythe. Et comme les mauvaises herbes qui nous le vendent, ce mythe a la vie dure.

Dans le domaine du greenwashing, l’industrie pétrolière a touché le gros lot : les biocarburants. Présentés comme une solution miracle aux problèmes écologiques, ils polluent de deux à trois fois plus que l’essence classique et participent à la déforestation accélérée de la planète. Et comme toujours, le trophée de l’éco-tartufferie est aujourd’hui décerné à Total. 

Vous en avez peut-être entendu parler, les biocarburants sont devenus ces dernières années à la mode. Ce sont des huiles végétales extraites de plantes comme le colza, le tournesol, la betterave, le soja ou le palmier, et que l’on mélange au diesel ou à l’essence pour augmenter leur prétendue « performance écologique ».

Dans les journaux, à la télévision et jusqu’à certains rangs du Parlement, on les présente servilement comme des alternatives magiques aux énergies fossiles, à l’aide d’un argument fallacieux qui falsifie complètement la réalité. Ces plantes, pendant leur croissance, capteraient le CO2 et le transformeraient en oxygène. Brûlées dans nos voitures, les huiles biologiques auraient donc un bilan carbone réduit « en amont » par la photosynthèse…  

Déforestation pour l’industrie de l’huile de palme à Bornéo

Foutaises ! Les bienfaits écologiques des biocarburants sont un mythe. Et comme les mauvaises herbes qui nous le vendent, ce mythe a la vie dure. Prenons l’exemple de l’un des biocarburants les plus utilisés : l’huile de palme (c’est le moins cher). Puisque les palmiers à huile ne poussent que dans des régions tropicales, leur production exige obligatoirement de raser des forêts millénaires, dont les principales victimes sont celles d’Indonésie et de Malaisie.

Là-bas, les forêts tropicales disparaissent à vue d’œil : moins 20 % de leur superficie en trente ans. Elles sont remplacées par d’immenses mono-cultures qui alimentent sans relâche les 61 millions de tonnes annuelles d’huile de palme nécessaires à cette hypocrisie.

Car il est prouvé que ce carburant pollue trois fois plus que le diesel classique, si l’on tient compte de tous ses effets négatifs : transport depuis l’autre bout du monde, déforestation massive, nuages de fumée provenant des brûlis géants… 

Maintenant que le secteur agro-alimentaire, sous la pression des ONG et des citoyens, boude peu à peu cette manne empoisonnée, l’industrie pétrochimique s’en empare, tant et si bien qu’en France, 75 % de l’huile de palme que nous importons est désormais transformée en carburant. Mais le pire est encore à venir.

Notre pays, non content de fermer les yeux sur la destruction des forêts, reconnaît l’huile de palme comme une énergie renouvelable : taxée à 0 % ou presque, elle bénéficie en plus des subventions de l’État, même si ces avantages fiscaux pourraient être bientôt remis en question, après que l’Assemblée nationale a fait marche-arrière le 15 novembre sur son vote de la veille. Quand on vous parle de schizophrénie. 

En attendant que le gouvernement se décide, Total a ouvert une gigantesque (bio)-raffinerie dans les Bouches-du-Rhône, à La Mède, et se prépare à importer 550 000 tonnes d’huile de palme (+ 64 %), afin de fabriquer les millions de bidons du « nécro-diesel » qui inondera bientôt le marché, comme le dénonce l’association Les Amis de la Terre dans une tribune.

Déboutée en octobre 2019 par le Conseil constitutionnel qui a refusé des exonérations publiques à ses biocarburants, la firme pétrolière fait à présent feu de tout bois pour imposer sa politique auprès de l’Assemblée nationale comme du gouvernement, qui craint de ne plus pouvoir vendre des armes de guerre aux pays producteurs d’huile de palme comme la Malaisie, l’un de ses fidèles clients. 

Voilà en quelques mots pourquoi notre politique écologique est un jeu de dupes stérile dont l’unique perdante est et restera la planète. Trop d’intérêts rentrent en ligne de compte. Pendant que nous nous efforçons de combattre l’huile de palme ou de soja, Total prépare certainement son greenwashing de demain.

Pourtant c’est un fait : il n’y a pas de biocarburants. Aucun calcul, aucune comparaison cynique entre les captations de CO2 d’une forêt tropicale et celles d’une monoculture de palmiers ne doit nous pousser à croire cette fiction. Nous devons bannir le bio-diesel tout comme l’essence « biologique » qui n’ont de bio que le nom. Nous devons condamner les multinationales qui financent en connaissance de cause les grandes campagnes de déforestation et colportent de fausses informations pour induire les citoyens en erreur. Le tout en exigeant que l’État les finance. Refusons donc qu’ils détruisent davantage la Terre pour sauver leurs profits !  

Augustin Langlade

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