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L’appel au boycott d’Intermarché contre les conditions d’élevage de sa « ferme des 1 000 Veaux »

Le site I-Boycott a lancé cette semaine une campagne de boycott contre l’enseigne Les Mousquetaires Intermarché. L’appel dénonce les conditions d’élevage du projet de la ferme-usine dite des « 1 000 Veaux » financée par la filiale viande d’Intermarché. Contre ces procédés qui déjouent toute éthique et rendent illisibles pour les consommateurs les conditions d’élevage de leurs […]

Le site I-Boycott a lancé cette semaine une campagne de boycott contre l’enseigne Les Mousquetaires Intermarché. L’appel dénonce les conditions d’élevage du projet de la ferme-usine dite des « 1 000 Veaux » financée par la filiale viande d’Intermarché. Contre ces procédés qui déjouent toute éthique et rendent illisibles pour les consommateurs les conditions d’élevage de leurs produits, le site appelle au boycott tant que l’enseigne maintiendra le contrat.

L’émergence des fermes-usines

Avec la crise que connaît le monde agricole depuis ces dernières années, l’agriculture française, en souffrance, tente de se réinventer pour survivre. Dans cette optique de transformation des modèles existants, Ségolène Royal et Manuel Valls avaient adopté en décembre 2016 un décret visant à donner le feu vert aux fermes-usines de bovins, « sans étude d’impact ni enquête publique ». Ces dernières sont basées sur un modèle plus européen, qui jusqu’alors n’existait pas (ou très peu) en France, et ont été bien évidemment remises en cause par les associations L214 et Animal Cross. En outre, le décret permettait notamment au « centre d’engraissement collectif de jeunes bovins » (i.e. la ferme des 1 000 Veaux) de contourner les procédures judiciaires qui étaient mises en place par les contestataires, notamment concernant l’autorisation d’exploiter le site.

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Le projet

En effet, la ferme des 1 000 veaux, nommée en référence à la « ferme des 1 000 vaches » dans la Somme (qui avait elle-aussi été vivement décriée) et au fait qu’elle soit située sur le plateau de Millevaches, a pour projet de construire une méga-ferme destinée à l’engraissement des broutards, où pourraient être accueillis plus de 1 000 veaux. La structure de 6 000 mètres carrés est située dans la commune de Saint-Martial-le-Vieux, dans la Creuse – le sud creusois avait d’ailleurs bénéficié d’un plan local de redynamisation dans le cadre de la crise agricole – et a d’ores et déjà commencé à accueillir ses premiers veaux. Par ailleurs, ce véritable complexe compte se doter d’un immense champ de panneaux photovoltaïques de 4 hectares et d’un méthaniseur, transformant le fumier de la ferme en énergie.

Alors c’est quoi le problème ?

Même si à première vue, ce centre semble ne pas poser vraiment de problèmes, et même être plutôt bénéfique pour l’environnement, les associations dénoncent des pratiques d’élevage atroces, et des bénéfices qui ne reviennent non pas aux fermiers, mais aux grandes enseignes. Le site I-Boycott dresse alors une liste de cette exploitation intensive et de ses ignominies :

– Les animaux sont gavés à base de composés industriels, un mélange de céréales et de paille, alimentation extrêmement riche et contre nature pour un ruminant.

– Regroupés à 15 ou 16 au sein de cases de 57 m2, ils ne disposent que de 3 m2 d’espace vital chacun. Moins de la surface d’un monte-malade d’hôpital !

– Le confinement d’animaux issus de différentes exploitations suppose une utilisation massive d’antibiotiques. Ceux-ci se retrouvent ensuite dans la viande, augmentant ainsi l’exposition des consommateurs au phénomène d’antibiorésistance, problème majeur de santé publique.

– Les veaux sont abattus à plus de 500 km du département. Ils sont égorgés en pleine souffrance, c’est-à-dire sans étourdissement préalable, à raison de 20 à 25 veaux par semaine.

– La viande est destinée à l’export (marché sud-méditerranéen), mais une partie est reversée dans le circuit français, notamment pour la production de viande bon marché, sans aucune mention des modes d’élevage et d’abattage.
La seule rentabilité de ce projet se situe dans la production d’électricité (photovoltaïque) et de gaz (méthanisation). L’élevage devient un sous-produit.

– Loin d’être exemplaire, la Ferme-Usine des 1000 Veaux fait l’objet de plusieurs procédures juridiques, dont une procédure pénale pour « prises illégales d’intérêts ». Son ouverture a été suspendue en juillet 2015, sur décision du Tribunal Administratif, confirmée par le Conseil d’État. »

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Qui profite des rendements ?

En plus de cela, nous pourrions souligner les mauvaises surprises auxquelles ont dû faire face les éleveurs bovins de la Creuse, qui, alors qu’ils soutenaient le projet avec la Fédération nationale bovine (FNB), se sont rendus compte qu’ils étaient loin d’être gagnants dans cette histoire. Alors qu’André Alanore, directeur de la chambre d’agriculture de Corrèze promettait que « le maïs viendra[it] de Basse-Corrèze, les tourteaux de colza de la Creuse et la paille de Limagne », finalement la SAS Alliance-Millevaches a décidé que les bovins seraient nourris avec du soja d’importation.

De même les rendements obtenus grâce au méthaniseur et aux panneaux photovoltaïques reviendraient majoritairement à la société Phébus Energy, et non aux paysans, puisqu’elle sera locataire des panneaux pour une période allant de 10 à 20 ans. De la même manière, le méthaniseur sera possédé par une autre société, et le droit d’entrer dans le capital de celui-ci et donc de toucher une rentabilité de 15%, demande de payer la modique somme de… 10 000 euros. Comment les petits éleveurs pourront alors profiter des bénéfices générés par l’appareil ? Enfin, l’abattoir d’Ussel situé à moins de 30 kilomètres du plateau de Millevaches et qui devait s’occuper de l’abattage des veaux, s’est finalement vu retirer ce contrat par les abattoirs de Vitré (Ille-et-Vilaine) pour des questions de techniques d’abattage (les salariés d’Ussel pourront aussi suivre un stage pour apprendre ces techniques). On se demande vraiment si cette ferme-usine va pouvoir bénéficier à un seul instant aux éleveurs.

Intermarché tire les ficelles

Si le boycott concerne alors l’enseigne Intermarché, c’est parce que la filiale viande d’Intermarché, la SVA Jean Rozé, est « actionnaire et client exclusif de la Ferme-Usine des 1000 Veaux, depuis juillet 2015 ». Alors que l’enseigne prône « L’Amour des produits de qualité », « responsables », et diffuse des spots publicitaires sur leur soi-disant respect du bien-être animal, voilà les dessous de la scène. Plusieurs célébrités (Corinne Touzet, Michel Drucker, Liane Foly, Bruno Solo,…) se sont déjà mobilisées avec I-Boycott contre la Ferme-Usine. En atteignant 2 000 signataires-boycottants, Intermarché devra répondre de ces pratiques qui contredisent sa prétendue éthique.

Pour les boycotter c’est par ici !

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