En seulement une semaine, l’Antarctique a battu ses records de chaleur avec deux températures anormalement élevées : 18,3°C puis maintenant 20,75°C ! Cette situation inquiète les scientifiques sur les conséquences d’une telle instabilité climatique dans le plus grand dépôt de glace au monde.
Le 9 février, les scientifiques brésiliens ont enregistré une température de 20,75 ° C sur l’île Seymour, connue aussi sous le nom de Marambio, ce qui en fait la température la plus élevée enregistrée sur cet endroit de l’Antarctique, avec quasiment un degré de plus que le précédent record de 19,8°C, enregistré sur l’île Signy en janvier 1982.
« Nous observons la tendance au réchauffement dans de nombreux sites que nous surveillons, mais nous n’avons jamais rien vu de tel. » a déclaré Carlos Schaefer, qui travaille sur Terrantar, un projet du gouvernement brésilien qui surveille l’impact du changement climatique sur le pergélisol et la biologie dans 23 sites de l’Antarctique.
Carlos Schaefer a ainsi expliqué que la température de la péninsule, des îles Shetland du Sud et de l’archipel James Ross, dont l’île Seymour fait partie, a été irrégulière au cours des 20 dernières années. Après s’être refroidie au cours de la première décennie de ce siècle, elle s’est réchauffée rapidement.
Ces enregistrements devront être confirmés par l’Organisation Météorologique Mondiale, mais ils sont conformes à une tendance plus large sur la péninsule Antarctique qui fait partie des régions du monde où le réchauffement climatique est le plus rapide, avec presque +3 °C sur les 50 dernières années.
Ce réchauffement bien plus rapide a des conséquences très fortes sur la quantité de glace de l’inlandsis antarctique : la vitesse à laquelle il perd sa glace a au moins sextuplé entre 1979 et 2017. La perte de glace est causée essentiellement par des incursions d’eau de mer relativement chaude sous les barrières de glace qui s’érodent donc par en dessous, en particulier sur la côte ouest de l’Antarctique et, dans une moindre mesure, le long de la péninsule et de l’Antarctique oriental.
En tout, environ 87 % des glaciers situés sur la côte ouest de la péninsule sont en recul depuis 50 ans, le retrait des glaces s’étant accéléré ces 12 dernières années pour la plupart d’entre eux.
Le 10 février, l’Agence spatiale européenne a ainsi signalé qu’un morceau de glace de près de 300km2 s’était détaché du glacier de Pine Island, l’un des glaciers les plus menacés du continent.
Le continent antarctique représente 90 % des réserves d’eau douce de la planète, assez pour faire monter de 60 m le niveau de la mer s’il devait fondre entièrement et changer dramatiquement les conditions de vie sur la planète Terre.