Le phénomène est assez inédit : près d’un quart des députés ont annoncé qu’ils ne se représenteraient pas pour un second mandat lors des prochaines élections législatives les 11 et 18 juin. Certains disent vouloir prendre leur retraite, d’autres se disent désenchantés, ou encore semblent faire preuve d’un repli stratégique pour ne pas se fermer toutes les portes. Quoi qu’il en soit, le Palais Bourbon est décidément en train de se vider, peut-être au profit d’un nouveau souffle pour la démocratie ?
Bartolone, Cazeneuve, Ayrault, Balkany etc.
Plusieurs dizaines d’élus, à la fois du PS et des Républicains ont enchaîné ces derniers mois les annonces de départ, signe d’une crise politique inédite et annone d’un véritable renouveau à l’occasion des prochaines élections législatives. Ainsi, lors de la dernière séance de questions au gouvernement, Claude Bartolone (PS), député de Seine-Saint-Denis et Président de l’Assemblée nationale, a annoncé qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat après 35 années de présence presque continue dans l’hémicycle. De même, un peu plus tôt, Jean-Marc Ayrault avait lui aussi annoncé qu’il ne se présenterait pas aux législatives, ainsi que Bernard Cazeneuve, Alain Vidalies, Patrick Balkany, Denis Baupin, Georges Tron, etc. En tout, près de 130 députés – environ 80 PS et 50 LR – se sont retirés des prochaines élections : du jamais-vu.
Entre amertume, stratégie et résignation
Même s’il reste parfois difficile de déceler exactement les raisons poussant ces députés à cette abrupte décision, il reste possible d’ouvrir des voies d’interprétation à ces départs à la chaîne. D’abord, il y a ceux qui prennent simplement leur retraite, « pour éviter d’être pathétiques », d’après la formulation de Noël Mamère. En effet, près de la moitié des élus sortants ont dépassé les 70 ans !, on a envie de dire qu’il était temps. Ensuite, la fracture qu’a subi la gauche pendant le quinquennat Hollande a sans doute lui aussi joué un rôle déterminant dans la vague de départs, qui est d’ailleurs plus importante chez les députés socialistes. Pour certains, comme Jean-Marc Ayrault, ça aura été le coup fatal, il tire sa révérence après quarante années de mandats locaux en déclarant que « l’honneur de la politique, ce n’est pas de s’accrocher tout le temps ». Pour d’autres, c’est avant tout par peur d’un retour de bâton, un départ stratégique pour éviter de se tirer une balle dans le pied en perdant leur fief électoral ; ou encore, avec la loi récente limitant le cumul des mandats, certains font le choix du mayorat (ou autre) plutôt que de la députation. Et bien sûr, il y a aussi ceux (comme Balkany) qui sont chassés, empêtrés dans des affaires de corruption.
Nouveau cycle pour l’hémicycle
Les raisons semblent nombreuses et variées mais un point positif doit sans doute être retenu et salué dans cette véritable déferlante de départs. En effet, presque tous semblent avoir entendu et reconnu qu’il était grand temps de laisser place au renouvellement. Bernard Cazeneuve a ainsi dit vouloir « laisser respirer la démocratie », qu’il s’agissait d’une « attente légitime de nos concitoyens ». Prise de conscience générale de nos députés ou non, il nous est permis d’espérer que ces adieux préfigurent un renouveau positif !

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