Des chercheurs de l’Inra, de l’université de Rennes 1 et leurs collègues ont analysé plus de 177 études et en sont arrivés à cette conclusion : l’agriculture biologique est plus efficace que l’agriculture conventionnelle pour réguler et maîtriser les « agresseurs » des champs.
L’agriculture biologique est réputée pour le rôle bénéfique qu’elle joue dans la préservation de la biodiversité. Expérimenter et améliorer les fonctions écologiques des agro-écosystèmes telles que la lutte biologique contre les ravageurs, en remplacement des intrants agrochimiques, est une voie prometteuse pour réduire l’empreinte écologique de l’agriculture tout en maintenant la production de produits de base.
Partant de cette hypothèse, une équipe de chercheurs s’est intéressée à la différence de régulation des bioagresseurs (animaux et insectes ravageurs, maladies et adventices – plus communément appelées mauvaises herbes) entre l’agriculture biologique et conventionnelle, et le degré d’envahissement qu’elles subissent.
Pour déterminer un résultat, les scientifiques ont conduit deux méta-analyses sur 177 études regroupant 788 comparaisons entre les deux types d’agriculture. La première méta-analyse se concentrait sur le potentiel de contrôle biologique, tandis que la seconde était axée sur les niveaux d’infestations pour les grands types de bioagresseurs.
Résultat : L’agriculture biologique offre une meilleure régulation naturelle contre les agents pathogènes que sont les champignons ou bactéries qui provoquent des maladies. En revanche, l’optimisation de cette régulation naturelle est accompagnée d’un plus grand nombre de mauvaises herbes (qui participent ainsi à l’équilibre biologique d’une parcelle agricole). Les deux types d’agricultures sont soumises à des niveaux d’infestation similaires par les ravageurs mais ne vont donc pas y répondre de la même façon.

Pour les chercheurs, ces résultats « prouvent que l’agriculture biologique peut améliorer la lutte antiparasitaire et offre un moyen de réduire l’utilisation de pesticides et fongicides synthétiques sans augmenter les niveaux d’infestation des cultures. »
Alors que Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, a déclaré vouloir faire la guerre aux pesticides suite à la condamnation de Monsanto à verser 289 millions de dollars à un jardinier atteint d’un cancer, cette étude pèsera-t-elle dans la balance pour un changement de législation ?