Le groupe franco-suisse LafargeHolcim, spécialisé dans la vente de matériaux de construction, a déclaré ce jeudi 9 mars être « prêt à vendre son ciment » pour réaliser le projet fou de Donald Trump. Or, une semaine plus tôt, le groupe admettait avoir « indirectement » financé des groupes armés en Syrie. Décidément LafargeHolcim semble bien ne pas se préoccuper de questionnements moraux…
LafargeHolcim, leader mondial du béton
Le groupe LafargeHolcim est né de la fusion de deux leaders français et suisse des matériaux de construction. Dirigé par Eric Olsen, le groupe affiche un chiffre d’affaires de 27 milliards d’euros (2014) et emploie près de 115 000 personnes dans 90 pays différents. Le groupe est d’ailleurs le premier cimentier aux Etats-Unis, c’est pourquoi il espère bénéficier du programme d’investissement de 1 000 milliards de dollars promis par Donald Trump pour rénover et construire des infrastructures américaines. Parmi ces infrastructures, nous le savons, Trump avait fait la bien triste annonce de création d’un mur anti-clandestins à la frontière du Mexique et des Etats-Unis.
« Nous n’avons pas d’opinion politique… »
Interrogé pendant une conférence de presse, Eric Olsen a alors annoncé que le groupe serait « prêt à fournir [ses] matériaux de construction pour tous types de projets d’infrastructures aux Etats-Unis » : sous-entendu, y compris un immense mur de séparation entre les peuples, source de controverse et de crainte. Eric Olsen s’est défendu en martelant que le groupe n’avait « pas d’opinion politique » et qu’il était « ici pour soutenir la construction et le développement du pays ». Aveuglé par les immenses bénéfices que pourraient générer un tel chantier, LafargeHolcim refuse d’ouvrir les yeux sur les conséquences sociales et humaines qu’engendreraient de tels travaux. Sans doute est-ce plus simple quand on ne souffre pas – à l’inverse d’Uber par exemple – d’être boycotté par des consommateurs pour des opinions politiques controversées, puisqu’en l’occurrence il n’y a pas de consommateurs sinon les Etats !
Mais des conséquences politiques désastreuses
Ce n’est pas la première fois que le soi-disant apolitisme du géant franco-suisse se révèle avoir des conséquences politiques et sociales désastreuses. En effet, en juin 2016, plusieurs journaux avaient enquêté sur les « arrangements » passés entre la multinationale et groupes armés présents en Syrie dont l’Etat Islamique. LafargeHalcim était accusé d’avoir payé des taxes à Daech pour faire fonctionner coûte que coûte sa cimenterie de Jalabiya, dans le nord-est du pays. Une plainte avait finalement été déposée par l’association Sherpa et les révélations ont été confirmées en mars 2017 par le directeur du groupe Marc Olsen.
Alors, après le scandale du financement indirect de Daech, peut-être serait-il temps que le groupe LaforgeHolcim ait un minimum de considérations politiques pour éviter de participer à la fracture politique et sociale. Rien ne sert de cimenter si c’est pour que tout s’écroule autour de nous…

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