Après les déclarations fracassantes de Donald Trump lors du G7 réaffirmant sa volonté de sortir de l’Accord de Paris, on peut craindre que d’autres pays ne s’engouffrent dans la brèche qu’il a ouverte. En première ligne, son homologue russe Vladimir Poutine qui avait lui aussi eu des propos climatosceptiques. Contre toute attente, la Chine a quant à elle réaffirmé son engagement aux côtés des signataires.
Trump aurait pris sa décision…
Au sein de cette cacophonie de fake news et de promesses ahurissantes qui avait été entretenue par l’équipe de campagne de Donald Trump, il apparaitrait que l’une d’entre elle soit malheureusement sur le point de se réaliser. En effet, il semble que Donald Trump ait définitivement décidé de tourner le dos aux engagements pris par son prédécesseur et les 194 pays ayant signé l’Accord. Ce dernier engageait les Etats à mettre tous les moyens en œuvre et à coopérer pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d’ici 2050. Alors qu’il tweetait hier qu’il annoncerait sa décision sur l’Accord de Paris dans les prochains jours, certains médias américains, notamment Axios et CBS ont annoncé que le Président Républicain avait pris sa décision : il quitterait l’Accord mais ne saurait pas encore de quelle manière procéder.
Trois options possibles
En effet, il existe trois solutions possibles pour Donald Trump. La façon la plus conventionnelle serait qu’il dénonce l’Accord de Paris, mais cela mettrait 4 ans avant que la sortie ne soit effective. Une solution plus radicale serait de dénoncer la Convention de 1992 sur le climat, qui à l’inverse ne mettrait qu’un an à aboutir, mais ferait sortir les Etats-Unis de tous les engagements internationaux sur le climat. Une solution bien plus modérée, et qui a notamment été celle pour laquelle ses homologues au G7 ont plaidé, consisterait en une renégociation des objectifs de réduction d’émissions.
Renégocier pour une peine perdue ?
Pourtant, même si la sortie des Etats-Unis serait véritablement dramatique, on peut se demander si la renégociation des traités ne serait pas une option encore moins souhaitable. Loin de s’être fait une raison face au consensus internationale sur la réalité des enjeux climatiques, Donald Trump déclarait en 2012 dans un tweet : « Le concept du réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois, pour rendre l’industrie américaine moins compétitive ».
« Le concept du réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois, pour rendre l’industrie américaine moins compétitive »
Par ailleurs, avec la signature d’un décret pour bloquer le « Clean Power Plan », adopté sous l’administration Obama, Trump avait déjà assené un coup violent aux mesures destinées à entamer le processus vers la transition énergétique. En effet, le plan prévoyait d’imposer aux centrales thermiques des réductions de leurs émissions de CO2 de 32% d’ici 2030 (par rapport aux chiffres de l’année 2005) et aurait inévitablement entrainé la fermeture des usines à charbon les plus anciennes (une énergie très polluante qui représente près d’1/3 de la consommation énergétique américaine). Mais n’oublions pas que les Etats où Trump a été élu avec ses meilleurs scores sont les Etats gros pourvoyeurs d’énergies fossiles, comme le Wyoming ou le Dakota du Nord. Bref, autant de raisons qui laissent entendre que la priorité absolue du président américain est bien la promotion des sources fossiles domestiques.

Se prémunir du « passager clandestin »
A partir de là, la volonté dont ont fait preuve les 6 autres membres du G7 d’accueillir à bras ouverts à ce « passager clandestin » semble être une solution moins que souhaitable. Outre le fait que l’Accord qui repose sur la coopération internationale perdrait tout son sens s’il était mené du bout du nez par un seul de ses membres, les Etats-Unis entraineraient de surcroît l’ensemble des pays dans ce cercle vicieux de surconsommation d’énergies non-renouvelables pour rester compétitifs sur le marché mondial. De là la nécessité, comme le souligne Christian de Perthuis dans une tribune, « d’intégrer la valeur du climat dans l’échelle des prix qui guide les décisions économiques en tarifant le carbone. Il reste un ingrédient clef, le prix du carbone, à déposer dans la corbeille de Paris pour passer à un régime de concurrence où le mieux disant en matière climatique deviendra le vrai gagnant. » Ainsi, la tarification qualitative des énergies sur le marché mondial résorberait l’effet « passager clandestin » en pénalisant directement les prix des énergies polluantes.
La Russie pourrait quitter l’Accord à son tour, la Chine réaffirme son engagement
Malheureusement, nous sommes encore bien loin de telles mesures qui pourtant paraissent être les seules véritablement efficaces pour contrer les décisions stupides d’un président impulsif. De plus, il se pourrait bien qu’au lieu d’isoler le gouvernement américain, d’autres Etats s’engouffrent dans la brèche ouverte. On pense avant tout à Vladimir Poutine qui avait remis en cause la responsabilité de l’homme dans le changement climatique lors d’un Forum sur l’Arctique le 30 mars dernier, déclarant : « Le réchauffement, il a commencé dans les années 1930. »
« Le réchauffement, il a commencé dans les années 1930. »
A l’époque, il n’y avait pas encore de tels facteurs anthropologiques comme les émissions (de gaz à effet de serre) mais le réchauffement avait déjà commencé. » Ces déclarations se rajoutent aux propos ironiques qu’il avait pu tenir en 2003 sur le bénéfice que représenterait une hausse de la température mondiale pour la Russie qui permettrait de « dépenser moins pour les manteaux de fourrure et les manteaux chauds ». Le gouvernement russe n’a pour l’instant ni réagi aux déclarations de Donald Trump, ni évoqué une volonté similaire. A l’inverse et de façon surprenante, la Chine – dont on pensait qu’elle suivrait les Etats-Unis en cas d’éventuelle sortie (pour des raisons de compétitivité) – a réaffirmé son engagement auprès des Etats signataires de l’Accord de Paris. Un avantage de poids qui pourrait convaincre les Etats-Unis à revoir leur position.
Soulignons à nouveau que, sans une réaction forte de la part des Etats parties de l’Accord, une sortie des Etats-Unis mettrait en danger la réussite globale des objectifs fixés – et à plus forte raison mettrait en danger la planète entière –ne serait-ce que parce que les Etats-Unis avaient promis plus de 3 milliards de dollars au Fonds vert pour aider les pays les plus pauvres à faire face au changement climatique. Sans cette aide, on peut craindre que ces pays ne parviennent pas à s’adapter ou à se développer sans passer par la case « énergies fossiles »…

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