Le Global Risks Report 2023 (Rapport des Risques Mondiaux) du World Economic Forum vient de tomber. Résultat d’une enquête menée auprès de 1200 chercheurs, dirigeants d’entreprise et gestionnaires de risques du monde entier, ce document pointe la crise imminente du coût de la vie, intimement liée à la catastrophe environnementale.
Les risques liés à l’environnement
Le rapport montre que ces dernières années, les risques liés à l’environnement ont pris une place prééminente. Ceux-ci dominent le classement des 10 risques mondiaux jugés les plus préoccupants sur la décennie à venir. Parmi eux, le changement climatique, les catastrophes naturelles, la perte de biodiversité et la destruction des espaces naturels.
« Certains des risques décrits dans le rapport de cette année sont proches d’un point de basculement », notent les auteurs.
Les pressions dues à ces phénomènes ne font que s’intensifier. Moody’s Investors Service a par exemple récemment estimé qu’au cours des 5 dernières années, les pertes assurées dues aux catastrophes naturelles avaient atteint une moyenne d’environ 100 milliards de dollars par an.
Cependant, l’année dernière, de nombreux engagements à agir sur le changement climatique ont été mis de côté suite à la crise énergétique engendrée par la guerre en Ukraine.
« L’année 2023 devrait être marquée par l’augmentation des risques liés à l’alimentation, à l’énergie, aux matières premières et à la cybersécurité, ce qui va perturber davantage les chaînes d’approvisionnement mondiales et aura un effet sur les décisions d’investissement », précise Caroline Klint, co-auteure du rapport et responsable de la gestion des risques chez Marsh.
« Au moment où les pays et les organisations devraient intensifier leurs efforts de résilience, des vents contraires économiques limiteront leur capacité à le faire », s’inquiète cette dernière.
Le menace de la « polycrise »
Le rapport du WEF décrit aussi la menace de la « polycrise ». Celle-ci serait générée par un ensemble de risques reliés les uns avec les autres qui finissent par former une grande crise aux conséquences imprévisibles. La rivalité des grandes puissances en matière de ressources aurait notamment le potentiel de générer de telles crises.
Pour les auteurs, il paraît évident que le rôle des gouvernements s’avérera d’autant plus délicat dans un monde polycrisé. Car se dessine de plus en plus nettement la menace d’une augmentation du coût de la vie qui viendrait contrecarrer les changements nécessaires pour lutter contre la crise environnementale.
« Sans changement de trajectoire, les pays vulnérables pourraient atteindre un état de crise perpétuelle qui les empêcherait d’investir dans la croissance future, le développement humain et les technologies vertes », écrivent-ils.
Inégalités sociales
Dans le monde, la colère sociale gronde déjà. En septembre dernier, des manifestations contre la hausse du coût de la vie ont éclaté dans plusieurs pays tandis que le taux d’inflation approchait les 10 % en moyenne.
« L’année dernière, la seule augmentation des prix du carburant a provoqué des manifestations dans environ 92 pays », note le rapport.
Une nouvelle fois, il paraît ainsi évident qu’il s’agit de traiter en même temps la question des inégalités sociales et celle de la crise environnementale, sans quoi l’une ne fera qu’aggraver l’autre.
Dans ce contexte, une lettre adressée aux dirigeants mondiaux réunis au Forum Économique de Davos a été relayée par l’ONG Oxfam. À travers ce texte titré « Mettez fin à l’ère de l’extrême richesse. Taxez les ultrariches », plus de 200 millionnaires et milliardaires demandent à être taxés davantage.
« Pourquoi, en cette ère de crises multiples, continuez-vous à tolérer l’extrême richesse ? », interrogent-ils.
Depuis 2020, les 1 % les plus riches ont capté 63 % des richesses produites dans le monde, indique à ce sujet le dernier rapport d’Oxfam. En France, Bernard Arnault possède une fortune équivalente à celle de 20 millions de Français.