Alors que la France se paralyse et s’empoigne avec la réforme des retraites qui doit combler près de 17 milliards d’euros de déficit, côté extérieur, le projet de taxer les GAFAs semble être en berne.
La taxe française sur les GAFAs est entrée en vigueur en 2019, et vise à prélever 3% du chiffre d’affaires aux géants du numérique. À la fin de l’année, les États-Unis lancent la fausse proposition d’une taxe basée sur le volontariat.
Le forum économique mondial de Davos devait être la dernière chance pour la France de frapper du poing sur la table. Avec la volonté de taxer les GAFAs, la France voulait à nouveau se présenter comme un poids lourd encore capable d’orienter la politique européenne. Bilan : le projet de taxe est gelé.
Officiellement, il s’agit d’une suspension pour permettre à l’OCDE de négocier. En réalité, la France a cédé face à la menace des États-Unis d’augmenter les taxes sur les vins français, les voitures allemandes et le parmesan italien. Donald Trump, étant avant tout un homme d’affaires, n’hésite jamais à employer les grands moyens pour exploiter les faiblesses de ses adversaires.

Car une fois de plus, l’Union Européenne ne parvient pas à parler d’une seule voix. Chaque État est replié sur ses intérêts nationaux. Les uns parce qu’ils abritent les paradis fiscaux, les autres ayant un marché trop petit pour désirer ce changement, les poids lourds enfin par leur dépendance envers les États-Unis pour exporter. Augmenter les taxes sur les produits d’exportation, c’est menacer directement les productions nationales et éveiller ainsi les colères populaires.
Pourtant la nécessité de repenser la taxation des valeurs numériques est pressante. Les États et les GAFAS eux-mêmes savent que l’importance grandissante du numérique dans l’économie mondiale appelle à une normalisation de l’activité. En appliquant à l’échelle nationale cette taxe, la France a déjà récolté 280 millions d’euros. Au total, ce serait près de 500 millions d’impôts qui devraient rentrer dans les caisses de l’État français. Cela représente à peine 5% des mesures sociales annoncées suite au mouvement des Gilets Jaunes.
Mais cette taxe est avant tout la tentative des États de maintenir leur place dans un monde où les grandes entreprises jouent un rôle de tout premier plan. Paradoxalement, c’est bien la rivalité entre les États qui les empêchent de peser. C’est aussi une mesure symbolique à l’heure où les colères populaires grondent contre « les grands de ce monde ». De ce côté-là, impossible de savoir si la mesure sera suffisante.