Une nouvelle étude française affirme que la pollution atmosphérique aurait un impact sur le placenta et l’expression de ses gènes, entraînant des complications pour la mère et l’enfant.
Les expositions prénatales aux polluants de l’air : risque confirmé
Alors que de nombreuses études avaient démontré le lien entre l’exposition à la pollution chez les femmes enceintes et les risques de naissances prématurées, de troubles neuro-développementaux ou encore de prééclampsies pouvant avoir de graves conséquences, de nouvelles constatations sont faites.
En effet, au sein d’une nouvelle étude publiée jeudi 21 juin dans la revue Environnement International, des scientifiques du CNRS et de l’Inserm ont constaté le rapport entre l’exposition à la pollution et des modifications au niveau du placenta durant la grossesse :
« Nous nous sommes intéressés au placenta car c’est un tissu très important lors de la grossesse. C’est lui qui est responsable de la bonne santé de la maman et du développement du fœtus » explique l’un des auteurs de l’étude.
Selon les chercheurs, l’exposition à la pollution atmosphérique in utero, et plus particulièrement au dioxyde d’azote, entraînerait des modifications épigénétiques. En effet, chaque cellule peut être convertie en protéines si elles sont « exprimées », ou à l’inverse, elles peuvent rester « réprimées ». Ainsi, l’épigénétique est le processus qui permet à un gène de passer d’un état à l’autre, selon les besoins de la cellule.
« Les résultats de cette étude confirment ainsi une partie de l’hypothèse selon laquelle les expositions prénatales aux polluants de l’air à des niveaux communément retrouvés en Europe et en France, pourraient avoir des effets néfastes sur la santé de la femme enceinte et de l’enfant à naître », affirme le communiqué de l’Inserm.
Une étude inédite
Pour analyser cela, l’étude a été menée auprès de 668 mères et leurs bébés, dans les centres hospitaliers universitaires de Nancy et Poitiers entre 2003 et 2006. Les chercheurs ont ainsi croisé les données d’exposition des mères à la pollution, en fonction de leur lieu de résidence et l’analyse des gènes « exprimés » dans leurs placentas. Ceux-ci ont alors observé que les mères les plus exposées au dioxyde d’azote pendant leur grossesse présentaient une modification épigénétique sur le gène ADORA2B.
Ainsi, « des défauts dans l’expression de ce gène ont été associés dans d’autres études à la pré-éclampsie, une maladie de la grossesse fréquente et grave si elle n’est pas prise en charge » explique Johanna Lepeule, chercheuse à l’Inserm.
Une autre étude publiée en janvier 2018 par Environnement International avait également appuyé la théorie de l’impact de la pollution sur le fœtus. Les recherches avaient alors été effectuées sur des nourrissons nés à Tongliang, en Chine, avant et après une fermeture d’une centrale à charbon.
L’impact reste donc important bien que les niveaux d’exposition moyens dans la population étudiée soient pourtant inférieurs à la limite annuelle fixée par la directive de l’Union européenne sur la qualité de l’air. « C’est aux politiques et aux citoyens de se saisir de la question de la réglementation », juge la chercheuse Johanna Lepeule. « En tant que chercheuse, ce que je peux recommander, c’est d’accentuer la lutte contre la pollution atmosphérique».