Les écosystèmes ont à peine eu le temps de respirer après la vague de chaleur du mois de juin, trois semaines auparavant, que les scientifiques lancent l’alerte sur un nouvel événement extrême. La vague de chaleur qui s’abat sur la France cette semaine pourrait dépasser en durée et en intensité la canicule de 2003. Face au risque, les climatologues appellent la population à « anticiper à tous les niveaux ».
Dès mardi, une vague de chaleur va s’installer sur tout le territoire métropolitain, atteignant ou dépassant par endroit les 38 °C, notamment en Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et en vallée du Rhône, et un pic vers le week-end.
Seulement trois semaines après la plume de chaleur du mois de juin, cette nouvelle vague est issue d’un axe de hautes pressions puissant entre le Maroc, la France et les îles britanniques, ainsi que l’explique MétéoFrance. A noter : en parallèle, une dépression d’altitude actuellement située à proximité des Açores, aussi appelée goutte froide, pourrait jouer un rôle dans l’intensification probable de la vague de chaleur dès la fin de semaine.
« Dans un mouvement de rotation, elle pourrait favoriser la remontée progressive sur le pays d’air très chaud en provenance du Maroc et de l’Espagne. » explique l’institut
S’il est trop tôt, à ce stade, pour déterminer avec précision l’intensité et la durée de cet événement, les climatologues invitent tout de même la population à la plus grande des prudences : la ressemblance des conditions météorologiques entre Juin 2003 et Juin 2022 fait craindre aux experts un épisode similaire à la canicule de 2003.

« L’impact d’une canicule plus forte que 2003 serait telle qu’il faut l’anticiper a tous les niveaux ! » explique le climatologue et directeur de recherche au CNRS Christophe Cassou
Les systèmes électriques, les cultures ainsi que les personnes fragiles et précaires sont particulièrement menacés. Pour se protéger, les médecins rappellent qu’il faut éviter de s’exposer aux heures les plus chaudes de la journée et boire beaucoup d’eau.
« L’ombre et la baignade ne protègent pas des coups de chaleur ni de la déshydratation. » explique ce médecin marseillais
Pour les agriculteurs, c’est le grand saut dans l’inconnu : les cultures de tournesol et de maïs risquent d’être particulièrement éprouvées. De surcroît, les sols français sont complètement asséchés après un hiver sans pluie couplé à un printemps particulièrement chaud et sec. Or, l’état du sol aura un impact sur l’intensité de cette canicule au cours des prochains jours. A cause de cette sécheresse inédite, les pompiers se préparent à se battre contre les incendies, toujours plus nombreux. 6.000 hectares ont brûlé depuis le début de l’année, contre 400 l’an dernier.
Aujourd’hui, la température mondiale a augmenté d’environ 1,1° par rapport à l’ère préindustrielle à cause des activités humaines. Si les extrêmes ont toujours existé, l’influence humaine multiplie les phénomènes très rares et inédits.
La multiplication et l’intensification des vagues de chaleur et canicules en sont les manifestations les plus évidentes. Surtout, chaque dixième de degré supplémentaire augmente les risques et les souffrances que connaîtra la population : on parle de risques en cascade.
« Cette canicule 2022 intervient en plein pic COVID19, avec un système hospitalier au bord du précipice, en période de vulnérabilité due à des fortes tensions sociales, mais aussi sur la ressource en eau (rendement agricole), sur l’énergie. Sommes-nous prêts, résilients ? J’avoue, ce soir, ressentir une forme de colère car les faits scientifiques sont clairs. Nous savons où nous allons et nous savons où nous devrions aller et quoi faire pour limiter les risques croissants et menaçants pour sociétés humaines et écosystèmes. Et pourtant…
Le déni de gravité et le déni de l’urgence sont toujours là, comme l’atteste les appels aux petits gestes ridicules, à la sobriété individuelle alors que les enjeux sont des enjeux de transformation de nos infrastructures collectives, de nos institutions, de nos modes de vie etc. Tous ceux qui pensent, sur un mode rassuriste/confusionniste, que l’on s’adaptera à des niveaux de réchauffement élevés sont irresponsables. Les limites dures de l’adaptation existent pour les sociétés humaines et la biodiversité comme évaluées dans Groupe 2 du GIEC. » tempête le climatologue Christophe Cassou
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MétéoFrance recense 44 vagues de chaleur à l’échelle de la France depuis 1947. La dernière vague de chaleur recensée officiellement a eu lieu ce mois de juin 2022. Ces vagues de chaleur ont été sensiblement plus nombreuses au cours des dernières décennies. Sur les 35 dernières années, elles ont été 3 fois plus nombreuses que sur les 35 années précédentes. Le nombre de jours de vagues de chaleur a été multiplié par 9. Sur les 44 vagues de chaleur recensées par Météo-France depuis 1947, 25 ont débuté en juillet.
L’Organisation météorologique mondiale rappelle que les vagues de chaleur sont de loin les événements météorologiques extrêmes les plus meurtriers dans la plupart des régions du monde. La crise climatique multiplie par 600 le risque de voir de telles vagues de chaleur se reproduire !
L’intensité et la fréquence des événements extrêmes vont continuer d’augmenter tout au long du 21ème siècle dans le monde entier, éprouvant dangereusement les populations humaines, animales et végétales, mais aussi la plupart des infrastructures modernes qui ne sont pas adaptées à ces variations extrêmes de températures.
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