Un écart grandissant…
La France est en retard sur ses objectifs climatiques, et cet écart se creuse. Le constat établi par une étude de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) est sans appel. Dans tous les secteurs clés — transports, énergie, agriculture, bâtiment — les auteurs notent « un écart grandissant » entre les objectifs de la France et la réalité de ses émissions de gaz à effet de serre.
…dans tous les secteurs clés
Concernant les transports, malgré les motorisations électriques et la baisse de consommation des véhicules, les émissions de gaz à effet de serre sont en augmentation à cause de la hausse du transport routier. En 2016, elles ont dépassé de 6 % les plafonds prévus, de 10 % en 2017. Les transports représentent 30 % des émissions françaises.
Pour ce qui est de la production d’énergie, le charbon est le seul combustible fossile à avoir enregistré une baisse depuis 2012. Pétrole et gaz se maintiennent à un niveau stable, tandis que le potentiel des énergies renouvelables reste largement sous-exploité.

Quant à l’agriculture, elle souffre selon l’étude d’une insuffisance des moyens financiers alloués à l’agroécologie. Ce secteur, source de près de 20 % des gaz à effet de serre, a vu ses émissions augmenter en 2017, dépassant de 3,2 % le plafond.
Enfin, le secteur du bâtiment a surpassé de 11 % son budget carbone en 2016 et de 22 % en 2017. Il est responsable de 20 % des émissions nationales et de plus de 40 % de la consommation énergétique totale. Le nombre de rénovations thermiques de logements est très en deçà des objectifs.
Transformer en profondeur la politique climatique
Ainsi, alors que le rapport du GIEC a appelé à un sursaut international pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C, les émissions françaises sont en hausse. Les chercheurs de l’Iddri, soulignant l’« urgence » de la situation, appellent le gouvernement à « un renforcement substantiel de sa politique climatique ».

Lola Vallejo, directrice du programme climat de l’Iddri, propose par exemple d’associer le Parlement à ce travail, comme c’est le cas au Royaume-Uni.
« Aujourd’hui, tous les indicateurs sont au rouge, explique-t-elle. Notre message est que nous sommes à un moment critique. Il y a une fenêtre à saisir, non pour changer à la marge la politique énergétique et climatique, mais pour la transformer en profondeur. »
Fin octobre, le gouvernement doit présenter sa nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).