« Fauves, éléphants, singes, dauphins, ou encore visons, il est temps d’ouvrir une nouvelle ère dans notre rapport à ces animaux. » Par cette phrase solennelle, la ministre de la transition écologique Barbara Pompili a ouvert la conférence de presse pour annoncer un tournant majeur en France : la fin progressive de la captivité des animaux sauvages dans les cirques itinérants et les delphinariums, mais aussi l’interdiction des élevages de vison pour leurs fourrures ! Une belle victoire pour les amoureux des animaux qui va se concrétiser au fil du temps.
La fin des animaux sauvages dans les cirques itinérants
Dans une conférence intitulée le « bien-être de la faune sauvage captive », Barbara Pompili a annoncé une série de mesures indiquant un changement majeur concernant notre rapport aux animaux :
- la fin progressive de la présence de faune sauvage dans les cirques itinérants
- la fin de la présence d’orques et de dauphins dans des delphinariums inadaptés
- la fin des élevages de visons pour leur fourrure en France
- le soutien aux actions collectives pour les parcs zoologiques pour l’amélioration de détention de ces animaux
« Il est temps que notre fascination ancestrale pour ces êtres sauvages ne se traduise plus par des situations où l’on favorise leur captivité par rapport à leur bien-être. Nous devons être conscients de notre responsabilité face à une nature fragile. », a expliqué la ministre
La Ministre de la Transition Ecologique n’a pas donné de calendrier précis sur la mise en place de ces mesures mais des échelles de temps. Concernant la fin des animaux sauvages dans les cirques itinérants, Barbara Pompili a précisé que cette clôture progressive se ferait en accord avec le rythme de reconversion des circassiens.
« La date, c’est le plus vite possible. Mais cela se fera uniquement en accompagnement avec les circassiens. » a-t-elle précisé à une journaliste lors de la conférence de presse
Cette décision concerne pour l’instant uniquement les animaux sauvages en itinérance, pas ceux détenus dans les parcs zoologiques « adaptés » ou les émissions de télé comme Fort Boyard.
Les solutions vont être trouvées au cas par cas, avec chaque cirque, avec chaque animal, a précisé Barbara Pompili lors de son allocution. Dans les années qui viennent, une enveloppe de 8 millions d’euros va donc être allouée à la fin de la captivité des animaux sauvages et à la reconversion des professionnels affectés par cette décision.

La clôture progressive des delphinariums
Concernant les orques et les dauphins, la Ministre a rappelé que des études récentes montrent combien leur comportement naturel est impossible à reproduire dans des conditions de captivité.
« Ces espèces de cétacés à l’intelligence hors-du-commun sont si particulières, et si vives que je crois profondément que leur place n’est pas en captivité. »
Le gouvernement a donc annoncé qu’il n’y aurait plus d’ouverture de nouveaux delphinariums et que, pour les trois parcs encore actifs, il est désormais interdit d’introduire de nouveaux animaux et de les reproduire en captivité.
Pour les orques, la Ministre s’est engagée à ce qu’ils soient libérés dans deux ans, mais les modalités sont encore en cours de réflexion. Le gouvernement envisage notamment la création d’un sanctuaire marin qui puisse accueillir ces animaux, tout comme cela serait le cas pour les dauphins qui seront eux libérés d’ici « 7 à 10 ans ».
« Nous nous réjouissons de l’arrêt immédiat de la reproduction et de l’interdiction de l’acquisition de nouveaux cétacés captifs selon nos demandes. La ministre envisage la création d’un sanctuaire, nous proposons notre expertise avec nos partenaires pour cet accompagnement… Hier, deux bélugas retrouvaient une semi-liberté, c’est possible, et tellement souhaitable! Aujourd’hui, ces annonces sont constructives, nous attendons à présent des précisions pour les individus actuellement captifs. » a ainsi réagi One Voice

Un retard français à rattraper
Ces annonces ont lieu alors que la société civile s’engage de plus en plus pour le bien-être animal, comme en témoigne les centaines de milliers de participants au Référendum pour les Animaux. L’association L214 salue ainsi l’interdiction des élevages d’animaux pour leur fourrure d’ici 5 ans, l’une des mesures demandées dans le Référendum pour les Animaux.
« Partie prenante du groupe de travail lancé au printemps 2019, L214 ne peut que se réjouir d’une telle avancée, attendue par les citoyens et répondant à la demande portée par les associations. Elle ne doit pas masquer les avancées nécessaires et attendues sur l’élevage intensif qui concerne quant à lui plus d’un milliard d’animaux. » précise Brigitte Gothière, porte-parole de L214
Cette interdiction concerne 4 élevages encore en activité en France, dont deux étant poursuivis en justice, et répond à l’attente de 8 Français sur 10 favorables à cette interdiction. La France comble ainsi un retard important par rapport à d’autres pays européens dont certains étaient considérés en tant que « grands producteurs » comme l’Autriche, les Pays-Bas, la Norvège, la Belgique, le Luxembourg, la Slovénie, la Croatie, la République tchèque, la Slovaquie, le Royaume-Uni et la Serbie.
Les associations de protection des animaux gardent donc un œil vigilant sur la façon dont vont être appliquées ces mesures et espèrent que ces annonces feront l’objet d’une législation réglementaire.
Lors de cette conférence de presse, Barbara Pompili a conclu en précisant que « cet objectif que nous donnons à notre pays est juste pour la dignité de notre société et juste pour inventer d’autres modèles de coexistence avec les animaux, compatibles avec ce qu’attendent les citoyens ». Et ils vont y veiller.