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La désinfection de nos villes : un danger environnemental pour rassurer ?

En cherchant à tout aseptiser, nous détruisons tous les autres germes et virus. En réalité, les virus sont en compétition les uns avec les autres, et s’adaptent continuellement.

Il fallait s’y attendre. Les réactions à la pandémie se radicalisent : d’un côté ceux qui ignorent les consignes et profitent du printemps sans respecter les gestes barrière, de l’autre, une course à la désinfection qui pourrait s’avérer dangereuse tant qu’elle répond à la peur et non à la raison.

La désinfection lancée en France

Plusieurs villes de France, – Nice, Cannes, Marseille Reims ou encore Rosny-sous-Bois -, ont lancé des opérations de désinfection des rues. D’autre villes y pensent. La semaine dernière, ce fut le cas en région Nouvelle-Aquitaine. La préfète de la région a estimé que cela n’était pas nécessaire, retoquant la proposition du maire de Bordeaux. En effet, aucune directive de santé publique ne va dans ce sens.

À l’heure actuelle, on ne sait pas si le virus se propage par les surfaces ni combien de temps il reste actif. C’est donc le flou total, et pourtant certaines villes prennent des mesures drastiques préventives.

Ces désinfections se font à l’aide de désinfectants bactéricides et fongicides, parfois à base d’eau de Javel diluée. Le responsable de la propreté du territoire Marseille-Provence assure utiliser un produit « aux normes européennes, sans danger pour la santé humaine et biodégradable à 80% (…) un détergent utilisé dans l’industrie alimentaire, efficace en une heure. »

Une étude au cas par cas serait nécessaire sur ce « produit virucide » dont on ne connaît pas le nom. D’autres communes utiliseraient « un produit à base d’eau de javel ». Le flou persiste.

Ce qu’on sait, c’est que les désinfectants bactéricides et fongicides ainsi que l’eau de Javel sont des biocides : ils détruisent la biodiversité. Ce sont des poisons pour les milieux aquatiques.

L’inhalation de ces produits par les passants peut engendrer des effets secondaires nocifs chez l’homme.  À en juger par les tweets de certaines préfectures, on comprend qu’il s’agit là d’une opération de communication, pour rassurer les habitants, de l’aveu même de certains élus :

« Ça ne peut pas faire de mal et il y a une vertu pédagogique. », assure Michel Chapuis, maire UDI, du Puy-en-Velay.

« On ne sait pas si c’est efficace contre le coronavirus, mais dans le doute, c’est rassurant. » dit ainsi l’adjointe aux finances Gaëlle Mahoudeaux de Brassac-les-Mines (Puy-de-Dôme).

Image 3D d’un coronavirus – Crédit : CDC

L’importance de la biodiversité

Le Haut Conseil de la santé publique a été saisi. Car ce n’est pas là une petite question. En cherchant à tout aseptiser, nous détruisons tous les autres germes et virus. En réalité, les virus sont en compétition les uns avec les autres, et s’adaptent continuellement. Si le seul virus qui restait sur la planète était le covid-19, on pourrait s’attendre à bien pire que la situation actuelle.

Il s’agit de retrouver un équilibre que nous semblons avoir perdu. Entre d’un côté les progrès de l’hygiène, grâce aux recherches scientifiques, qui nous permettent de lutter contre des maladies, et de l’autre, l’acceptation – que ces mêmes recherches nous démontrent – que nous devons nous exposer aux virus et bactéries, si nous voulons rester en bonne santé. Car rappelons-le, l’excès d’utilisation de produits ménagers entraîne une recrudescence d’allergies, d’asthmes et autres maladies respiratoires.

Les personnes qui sont trop protégées et jamais exposées aux virus et bactéries ont un système immunitaire très faible et deviennent donc très fragiles. Les intérieurs des maisons sont plus pollués que l’extérieur par une sur-utilisation des produits ménagers. Ce n’est donc pas qu’un argument d’écolos, c’est un argument de santé publique également. Il s’agit, une fois encore, de ne pas voir les choses en binaire et de ne pas réagir seulement sur le court-terme.

Gardons-nous, dans notre angoisse face à la pandémie, de céder à la tentation de gestes rassurants, inutiles et au final dangereux, qui ne feraient qu’aggraver à plus long terme l’état des cours d’eau, et par conséquent de notre santé. Nous avons suffisamment de savoir et de compétences pour pouvoir agir de façon responsable, en appliquant les gestes barrière et en faisant attention. La gravité de la situation exige de nous autre chose que des opérations de communication.

Sarah Roubato

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